l’Aid Al-Kebir ou la fête du mouton (au) noir.. Articles EXPRESS

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L’Aïd ... ou la fête du mouton (au) noir.

Il est cinq heures ... Ali s’éveille ... il est cinq heures ... Ali n’a plus sommeil ...

A l’aube de la fête de Laïd, les prières faites, le couteau effilé de l’employé de l’abattoir ... un musulman agréé par l’autorité religieuse ... peut entrer en action pour égorger, selon le rite du "sourire kabyle" ... comme disent les vilains-mécréants ... les 300 moutons qui attendent leur sort en bêlant.

L’oeuvre accomplie, les carcasses seront chargées aussitôt ... à chaud ... dans les camions de livraison pour être transportées sur l’heure au coeur de la grande ville où attendent, le ticket à la main, les consommateurs-croyants.

A noter que, normalement, les règlements sanitaires en vigueur dans notre pays prévoient que, après l’abattage réglementaire qui ne se fait pas au couteau mais par décharge électrique, les carcasses doivent être aussitôt ventilées pour les sécher, puis entreposées pendant 24 heures dans une chambre froide à moins de 3° avant leur transport, réfrigéré lui aussi à la même température, le tout étant constaté par contrôle vétérinaire.

La gendarmerie effectue, à ce propos, de nombreux contrôles routiers.

Quand un particulier se fait prendre à véhiculer, pour sa consommation personnelle, la carcasse d’un agneau tué à la ferme voisinne par un tonton complaisant, il est dûment sermonné, impitoyablement sanctionné et la marchandise le plus souvent saisie.

Là, pas de problème, dans l’heure de l’abattage les carcasses sont chargées à chaud dans des camions qui ne sont volontairement pas refroidis afin que, selon le rite, la viande soit livrée chaude . C’est normal, c’est Laïd.

Si ça tombe un Dimanche, pas de problème non plus, toutes les dérogations préfectorales seront accordées ... et pour le travail dominical normalement interdit ... et pour le transport le jour du Seigneur ( enfin, l’autre ).

Aucun problème non plus du côté police : la gendarmerie, toujours si avide de redresser les torts du citoyen lambda, fera ce jour là relâche.

Pas de problème, c’est Laïd !

Arrivées à destination, la distribution des carcasses aura lieu là où le rendez-vous a été fixé aux consommateurs-croyants ... en double file et au cul du camion.

La vente finale, remarquablement organisée au raz du bitume, sera conclue en un temps record. Chaque client, en payant son acompte (en liquide) ayant reçu un ticket portant le même numéro que celui apposé sur la carcasse.

Quand le numéro est appelé par le ’livreur-roumi’ préposé à la tâche, le client se présente, paye le solde ( là aussi en liquide) ... djibel flouss ... à l’encaisseur-croyant et s’en va tranquillement sa carcasse encore chaude sous le bras, la mettre dans son coffre et basta.

Youpi, c’est Laïd !!

Il arriverait même, dit-on, que de temps en temps un flic passant par là au hasard serait pris d’excès de zèle en menaçant d’appeler les services vétérinaires compétents, mais q’après palabres et négociations amiables en usage, l’affaire reste sans suite.

C’est normal, c’est Laïd !

Quant à la vente au black ... il ne s’agit là que d’un détail dont personne ne se préoccupe vraiment.

Après tout, c’est on ne peut plus normal, puisque c’est Laïd ... !!

Que voulez-vous, la légalité républicaine a ses limites et ses impératifs.
Il faut bien l’adapter et la mettre entre parenthèse, l’espace d’un instant, pour satisfaire aux nécessités politico-socialo-religieuses du moment.

N’importe quel Ministre, n’importe quel Préfet, n’importe quel Flic, n’importe quel Député ... et même celui pour lequel vous avez voté ... vous le confirmeront.

Et puis, après tout, personne n’a jamais traduit en Arabe "Duralex sed Lex" ... même pas les Romains !!

Alors laisse aller, c’est tout bon !

Belphégor

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