L’Affaire SI SALAH (introduction) Un conjuration De Gaulle-Ferhat Abbas (Dr. J.C.PEREZ)

, par  Jean Claude THIODET ✞ , popularité : 48%

I – UNE CONSÉQUENCE ULTIME ... COUVERTE PAR UN
SILENCE ASSASSIN... CELUI DE L’AFFAIRE SI SALAH

A Oran, le 5 juillet 1962, le FLN historiquement vainqueur de la guerre d’Algérie par la volonté du général Charles De Gaulle, veut célébrer sa victoire.
Pour les rebelles, la France est vaincue, puisque par le jeu d’une conjuration antioccidentale savamment conduite, notre pays fut contraint d’offrir l’Algérie à un ennemi de la France .... A l’ennemi de l’Occident.

Mais ce que veulent ces rebelles, le 5 juillet 1962, pour conférer un plus grand relief à la défaite de la France gaulliste, c’est effacer une autre date de l’histoire : celle du 5 juillet 1830.

Jour de la capitulation du dey Hussein, devant le corps d’armée français commandé par le lieutenant-général, comte de Bourmont. Le félon de Waterloo.

Une célébration bruyante et spectaculaire de la victoire est ainsi programmée à Oran.

Mais comme l’ont déclaré quelques journalistes et autres observateurs, bien silencieux aujourd’hui, ce jour-là, ou plutôt la veille, arrivent à Oran, par trains, des « Algérois » pour s’incorporer aux manifestations.

Entendez par ce terme « d’Algérois », d’anciens maquisards de l’intérieur, qui ont opéré dans les départements de l’Algérois. En particulier des anciens de la Wilaya IV. Celle qui fut sacrifiée en 1959-1960 par la volonté conjointe de De Gaulle et du G.P.R.A., dans le but prioritaire et exclusif d’accélérer la conclusion du cessez-le-feu.

Celui qui aboutira à la capitulation française d’Evian, les 18 et 19 mars 1962.

Ces « Algérois » viennent reprocher violemment à ceux qui s’apprêtent à parader dans la ville d’Oran et à se couvrir des lauriers de la victoire, leur absence des combats livrés dans le djebel contre l’armée française. Ils vitupèrent et insultent ceux de la Wilaya V en particulier, parce que ces derniers étaient la plupart du temps cantonnés au-delà de la frontière algéro-marocaine, hors de portée de l’armée française.

De violentes altercations..., des coups de feu ..., des flingages...

Une honte pour le FLN devant l’opinion internationale.

Il faut de toute urgence, sauver la face devant la presse du monde entier. Une rumeur est immédiatement générée par ceux qui veulent rétablir la situation. Une rumeur qui, soudainement, est propagée comme une déflagration.

« L’OAS tire sur nos troupes ! »

C’est un canular... certes... mais ce mensonge aura les effets espérés. C’est-à-dire détourner la fureur fratricide du FLN, contre un peuple français désarmé.

Un canular générateur de haine et d’un sadisme explosifs qui donnera l’occasion aux troupes françaises présentes à Oran, d’assister, pour l’immense majorité de leurs effectifs, au massacre de leurs compatriotes sans réagir... sans intervenir.

Il aurait suffi de quelques pas en avant pour sauver des centaines de vies françaises... Mais non !

Car telle était la volonté conjointe de De Gaulle et de Katz : laisser massacrer ce peuple oranais qui s’était permis de soutenir l’OAS dans l’ultime combat pour l’Algérie française.

C’est ainsi que l’on fera payer par le peuple français d’Oran, le prix de la haine, que « les combattants de l’intérieur du FLN vouaient aux pseudo-combattants de l’extérieur », ceux qui prétendaient parader à Oran.

C’est en ces termes qui rappellent très succinctement le drame vécu par nos frères et sœurs d’Oran, que s’illustre l’une des conséquences scandaleuses et criminelles de ce qui fut la trahison majeure de la guerre d’Algérie. ++++

La trahison de :

« LA FAUSSE AFFAIRE SI SALAH »

Une trahison de plus à porter au crédit du pouvoir gaulliste. C’est-à-dire au crédit du général De Gaulle et de son état major pompidolien. Etat major qui, sous l’autorité de Pompidou, avait rédigé un plan : le célèbre et cependant peu commenté « plan-Pompidou », du printemps 1958.
Plan qui proposait, dès cette année-là, de mettre en route, à partir de l’Espagne, de Barcelone très précisément, une rencontre avec le FLN de l’extérieur, dans le but d’aboutir à un cessez-le-feu.

Je le souligne encore : c’était au printemps 1958, c’est-à-dire au moment du 13 mai 1958, date de la prise du pouvoir par De Gaulle, pour conduire à bonne fin la défaite de la France en Algérie devant l’arabo-islamisme fondamentaliste dans le but de parachever ainsi l’assassinat de la France Sud-Méditerranéenne, par le pire ennemi qui ait jamais agressé notre Patrie depuis le début de son histoire son histoire.

II — L’ARCHE DE NOE... GAULLISTE

Je ne sais plus où Nietzsche a écrit que :
« la parole du passé est toujours d’oracle. Vous ne l’entendrez que si vous êtes les constructeurs de l’avenir et les interprètes du présent ».

C’est un propos que je trouve aujourd’hui bien optimiste. Nietzsche, en effet, fait crédit à ses semblables d’un esprit d’initiative et de recherche qui est loin de les animer, pour l’immense majorité d’entre eux. Nous sommes d’accord, néanmoins, sur la première proposition de cette phrase rapportée
 :
« La parole du passé est toujours d’oracle ».

Je m’autorise à préciser : si nous sommes capables de l’entendre, alors oui, nous serons capables de comprendre le présent et de redouter en conséquence un avenir incertain pour notre pays, pour l’Occident.

Je fais partie de ces hommes qui furent pris en 1954, lors du déclenchement de la guerre d’Algérie le ler novembre de cette année là, d’une audacieuse pulsion. Celle de ne plus se satisfaire d’un rôle de « fourmi ».

J’ai compris depuis longtemps, que le patriotisme, comme la foi en Dieu d’ailleurs, alimentent chez chacun d’entre nous, le domaine du « chacun pour soi ». Dans une proportion beaucoup plus importante qu’on ne le soupçonne. J’ai enregistré effectivement que pour beaucoup de nos semblables, le Bien et le Mal se définissent à partir de l’opinion qu’a de vous votre inspecteur des impôts. Ou de l’opinion qu’a de vous tel journaliste qui s’arroge le droit de vous juger. Ou de l’opinion d’un président d’association de « rapatriés » d’Algérie qui s’investit d’un pouvoir féodal et qui, surtout, ne veut pas perdre d’adhérents.
Et je n’ose évoquer son attitude, lorsque ce même président parvient à accéder au rang d’élu, quelque part dans l’échelle des pouvoirs de la Vème République.

La Vème République assassina sans vergogne et sans pitié la France Sud- Méditerranéenne. Elle a soumis notre pays au risque d’une imprégnation progressive arabo-islamiste. Imprégnation invasive. Elle a mis en danger le fondement de notre réalité française et de notre culture qui ne peuvent s’illustrer, l’une comme l’autre, que par le moyen de la citoyenneté laïque.

Pourquoi notre peuple français a-t-il accepté ce désastre ?

Parce que De Gaulle l’a voulu. Parce que De Gaulle l’a dit.

« Et toi, mon vieux pays ! » a-t-il déclaré le 24 janvier 1960 après la fusillade d’Alger, lors de la première journée des Barricades.

Mais oui, la France c’était sa chose ! « Toi mon vieux pays, que veut-on te voir accomplir encore ! Gérer d’autres peuples de là-bas, d’Algérie, des peuples qui n’en valent pas la peine ! Franciser des moricauds, qui puent, qui jouent du couteau et qui portent une djellaba Accueillir des pieds-noirs, qui gueulent, qui déclarent t’adorer et qui finalement dans notre sainte famille française oublient qu’ils ne sont que des enfants adoptés ! »

En conséquence de ce rejet de l’Algérie française, De Gaulle organisa le nouveau « Déluge » : l’abandon de l’Algérie, la « libération » des Algériens, c’est-à- dire la mise en mouvement d’une houle invasive, d’une houle recouvrante. La houle invasive arabo-islamiste qui veut faire de la charria la base de la future société française d’abord. De la société occidentale ensuite.

L’Occident, nous entendons « le Cœur du monde » ou « L’Ile du monde » tel que l’avait interprété l’auteur irlandais Harold Mac Kinder.

L’île du monde cernée de tous côtés aujourd’hui, par les vagues érodantes, déstructurantes, de l’anti-Occident chroniquement évolutif

Mais tout cela, n’a aucune importance ! Ne vous en faites surtout pas !

Pourquoi ?++++

Parce que De Gaulle a bâti de ses propres mains la nouvelle Arche de Noé : la France avec sa force de frappe. Arche de Noé élaborée puis construite dans l’ambition d’un « glorieux passage de la France à la modernité.., au grand renouvellement ». Le grand renouvellement ! Il est là sous nos yeux. Un épanouissement social grâce auquel on se sent régénéré... une liberté libéraliste qui dégage tous les horizons... quant à la fraternité on peut dire qu’elle nous étouffe.

Bientôt 50 ans ! 50 ans du grand renouvellement engendré par la défaite de la France en Algérie.
Un anniversaire que l’on s’apprête à célébrer ! L’anniversaire de la plus grande défaite subie par notre pays depuis le début de son histoire.

III — « SIGNIFICATION »... DE L’AFFAIRE SI SALAH

Au mois d’avril 1960, étaient présentes à Médéa, deux personnalités importantes. Permettez-moi de vous rappeler que Médéa se situe au sud-est d’Alger dans la région du Titteri. Il s’agissait :

- de Bernard Tricot : il représente le cabinet de l’Elysée,
- du colonel Mathon : chef du cabinet militaire du premier ministre, Michel Debré.

Ces deux hauts responsables du monde politique français et du pouvoir gaulliste, séjournent temporairement à Médéa dans le but de mener à la meilleure fin possible une fameuse affaire : l’affaire Si Salah. Affaire qu’ils veulent conclure dans le cadre des projets gouvernementaux. Plus précisément dans le cadre des projets « De Gaulle/G.P.R.A. » ou mieux dit « De Gaulle/Ferhat Abbas ».

Nous avons tous entendu parler de l’affaire Si Salah. A propos de celle-ci permettez- moi de vous dire que l’on ne s’est contenté que d’une version officielle de l’événement.
Je m’explique : cette affaire Si Salah, ce n’est pas l’histoire d’un chef de wilaya frappé par la grâce ou plutôt par l’évidence de son anéantissement imminent, qui demande soudain à bénéficier de la « paix des braves », maintes fois proposée par le général De Gaulle. En particulier lors du discours de Constantine du mois d’octobre 1958
.
Cette affaire s’illustre comme la conclusion d’opérations entreprises durant l’année 1959, par les services spéciaux français. Elle bénéficiera, tout particulièrement, des résultats d’une opération antérieure : en 1957, Si Azzedine, personnage-clef de cette affaire fut capturé par le 3ème R.P.I.M.A. du colonel Bigeard. Nous y reviendrons.

Le colonel Jacquin et ses lieutenants, parmi lesquels signalons le prestigieux capitaine Léger, avaient mis en route une guerre psychologique intense sur le territoire de la Wilaya IV qui était la Wilaya de l’Algérois qui s’étendait de la mer au Sahara et de l’Ouarsenis à la Kabylie.

La conclusion de ces opérations s’illustra par la destruction des effectifs FLN, leur déroute, leur désarroi.
Surtout, par la perte de confiance des combattants de l’A.L.N. de l’intérieur, à l’égard de l’organisation extérieure de la rébellion de Tunis, du Caire... et d’ailleurs.

A cette époque là, on pourrait presque dire en même temps, une autre opération, héliportée, extrêmement brillante, était réussie par les forces de l’ordre

C’était dans le Sud-Oranais, près du djebel Béchar.

Au cours de cette opération, le chef de la Wilaya V, Lofti, c’est-à-dire le chef de la Wilaya de l’Oranie, fut abattu avec tout son état-major. Le colonel Jacquin s’empara des moyens de transmission et surtout des codes radio de Lofti. Ce qui lui permit de faire anéantir toutes les Katibas de la Wilaya V.
Si on ajoute que depuis l’opération « Jumelles » menée par le général Challe au mois de juillet 1959 en Kabylie, la Wilaya III de cette même Kabylie était pratiquement à genoux, on peut dire que la bataille contre l’A.L.N. de l’intérieur était pratiquement gagnée. Je veux dire militairement, conventionnellement, gagnée... en apparence.

Une victoire, certes. Mais l’exploitation qui en sera faite sera différente selon que l’on se place du point de vue tout à fait théorique des militaires, ou du point de vue très réaliste du général De Gaulle et de ses agents d’exécution.
Pour les militaires, cette victoire devait permettre au gouvernement français de se passer du G.P.R.A. pour terminer la guerre en Algérie et la conclure par la paix des braves. C’est-à-dire, par le désarmement des maquis. C’est-à-dire aussi, par leur ralliement qui était inéluctable dans cette circonstance.
Pour le général De Gaulle, il s’agit de toute autre chose. En réalité il s’agit du contraire.

Il s’agit de dire au G.P.R.A. :

« Nous vous avons débarrassés, selon vos exigences, des maquis de l’intérieur qui avaient juré de vous trancher la gorge à l’instant même où vous mettriez les pieds en Algérie. Rien ne s’oppose désormais à votre installation à la table des négociations, car la victoire de nos armes sur le terrain, nous permet de vous offrir l’Algérie en toute quiétude ».
Ce que j’ose vous dire là n’est pas une élucubration. C’est évoqué, suggéré par écrit, avec timidité, par plusieurs auteurs. D’autres écrits soulignent avec modération l’identité sous-jacente de leurres que revêtaient ces victoires sur le terrain.

Nous avons fait gagner des batailles à nos soldats pour pouvoir perdre la guerre, pour pouvoir hisser le drapeau blanc. Car il est bien évident que c’est le demandeur, pour ne pas dire le quémandeur, de l’ouverture de négociations officielles pour un cessez- le-feu comme l’a fait De Gaulle, qui hisse le drapeau blanc depuis 4 ans ! Ce qui veut dire pour parler clair, que l’on a fait tuer nos soldats pour « le roi de Prusse ». En l’occurrence, le roi de Prusse, c’est le G.P.R.A.

Permettez-moi de vous rappeler que lors de l’opération « Jumelles », des centaines de soldats français ont été officiellement blessés, tués ou portés disparus.
Certes le FLN a subi des pertes dix fois supérieures mais on a tout de même fait tuer des soldats d’élite « pour rien ». Pire, on les a fait tuer pour offrir le pouvoir en Algérie au G.P.R.A.

La mission extrêmement grave que doit mener Bernard Tricot à Médéa ne l’empêche tout de même pas de se promener dans la campagne algérienne.
Près de Damiette, il rencontre au bord d’une route un paysan de chez nous. Là-bas on disait plutôt un petit propriétaire, un petit colon. Oui, petit colon, terme merveilleux qui désigne tous ceux qui ont fait jour après jour, de la terre d’Algérie ce qu’elle fut, à partir de ce qu’elle était avant l’arrivée des Français.

Tricot voit donc ce petit colon en train de charger une charrette de foin. Il le voit s’efforcer de la mettre en position sur un chemin de traverse pour regagner une grange. Et voilà que tout à coup Bernard Tricot va jouer le rôle d’un « sous-préfet au champ ».
S’inspirant peut-être d’Alphonse Daudet, il va se laisser aller à un commentaire presque bucolique.
Il va dire :

« Eh oui, les Européens ! C’est un grave problème ! C’est le seul problème ! »++++

C’est ainsi que par la magie du verbe de Bernard Tricot, ce que j’ai toujours appelé « un phénomène sociologique humain, merveilleux et unique au monde », le peuple pied-noir, devenait « un problème »

Notre peuple était identifié à un ramassis « d’empêcheurs de tourner en rond », qui faisait obstacle à la liquidation de l’Algérie française.

Nous touchons là, en réalité, au point d’orgue dramatique de la liquidation de l’Algérie française.
Car, lorsque l’on scrute le comportement de tous les tacticiens qui sont intervenus dans l’accomplissement de cette forfaiture, on se rend compte que tous, sans exception, ont fait l’impasse sur le destin, le sort physique et charnel du peuple pied-
noir.

Peuple pied-noir que j’ai appelé depuis toujours : fraction vivante de la nation française.
Si je l’ai appelé ainsi ce n’est pas par prétention de style. Je l’ai appelé fraction vivante de la nation française, parce que cette collectivité jouissait d’une vie, d’une naissance, d’une croissance, d’une évolution et d’un risque de mort. Si la France était vivante là-bas, au Sud de la Méditerranée, c’était par l’intermédiaire de ce peuple. C’était grâce à la vitalité, à l’endurance et au génie de ce peuple.

Or, il se trouve que cette qualité de fraction vivante de la nation française, on a voulu la lui nier. On a voulu l’en amputer. Ce que l’on a prétendu, c’est « cheptéliser » ce peuple. C’est-à-dire que, lui faisant crédit d’une compétence indéniable, on a voulu l’utiliser comme un cheptel de choix, en faisant rester en Algérie une grande partie de ce peuple après l’indépendance. De manière à conserver à l’Algérie, un niveau d’échange commercial qui fût encore rentable. Dans l’espoir de maintenir l’Algérie au niveau d’un pays peuplé de consommateurs solvables.

Un négociateur d’Evian explique dans un ouvrage, que le G.P.R.A. avait exigé que 400.000 pieds-noirs restassent en Algérie. En effet, ce négociateur savait très bien que l’Algérie sans les Pieds-Noirs....

C’était encore une manoeuvre politico-économique qui était tentée.

Elle a capoté parce que les Pieds-Noirs ont choisi tout naturellement l’exode. Ce peuple, dans son immense majorité, ne pouvait retrouver sa vitalité que sur un territoire français. Ce peuple est chez lui sur le territoire métropolitain de la même manière que les Français de l’Hexagone auraient été chez eux en Algérie française, s’ils avaient éprouvé l’envie, s’ils avaient eu le courage de venir y vivre. Et la France appartient au peuple pied-noir de la même manière qu’elle appartient d’ailleurs aux autres provinciaux de notre Patrie. Mais ce peuple appartient aussi et avant tout à la France. Il a su le démontrer, à l’instar de nos autres compatriotes, par le prix du sang versé quand ce fut nécessaire.

Ce peuple français d’Algérie qui vit en France, où il exprime sa personnalité, sa vitalité, sa liberté et ses remarquables facultés d’adaptation, doit savoir qu’il exhibe en outre, un merveilleux trophée de victoire.

Je veux parler de sa vie, que l’on était disposé à sacrifier. Et aussi de sa jeunesse collective car c’est un peuple de 180 ans d’âge seulement. Cette jeunesse, il doit la mettre au service de sa patrie, parce qu’elle est porteuse d’enthousiasme et de pugnacité. Qualités qui vont être nécessaires à mettre en oeuvre, au service de la France, pour affronter les décennies difficiles riches en traquenards qui nous attendent.
Ce peuple, avant tout, ne doit pas oublier qu’il est porteur d’un message ou plutôt d’une mémoire.

D’une mémoire de l’empire français.

Empire français qui assura pendant plus d’un siècle son rayonnement, sa grandeur et sa puissance à la Nation française, quand elle a traversé des tourmentes, des drames et des malheurs. Cela nous autorise à revenir sur une phrase prononcée par l’amiralDarlan à Alger, quelques jours avant le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942, phrase qui fut intégralement publiée dans la presse quotidienne algéroise
« L’empire, sans la France ce n’est rien. La France sans l’empire, ce n’est rien ».

Cette phrase terrible comporte une prédiction et un avertissement.
L’empire, en effet, sans la France ce n’est rien.

Il est trop facile de constater aujourd’hui le bien fondé de cette affirmation de l’amiral. Les affaires de corruption africaines, les souffrances des peuples africains, les viols institutionnels et massifs des femmes congolaises, sud-africaines, soudanaises et ruandaises, pour ne pas citer toutes les autres, sont inscrites dans les « bienfaits » de la décolonisation.

Mais prenons garde que le deuxième terme de l’avertissement de l’amiral ne soit confirmé et qu’un jour, la France, amputée de l’Algérie, ne soit..…..

Notre peuple, qui reste en permanence une fraction vivante de la Nation française, doit se situer aux avant-postes pour la défense de la Patrie, comme il l’a toujours fait durant son histoire. Dans cette perspective, il lui reste avant tout quelque chose à faire : sauver la mémoire, le souvenir. Élaborer un matériau pour que nos enfants, nos petits-enfants, arrière-petits enfants et plus loin encore dans les temps à venir, aient les moyens de convoquer au tribunal de l’Histoire, les responsables de la mort de l’Algérie française en les interrogeant.

Ils demanderont :
« Qu’avez-vous donc fait ? Qu’avez-vous osé faire de cette merveilleuse terre d’Algérie ? De cette terre mythique qui a ravi l’âme de nos anciens, de cette terre d’espérance, porteuse d’avenir, porteuse du message de l’Occident et de l’enthousiasme de la France, qu’avez-vous osé en faire ? »

Si nous sommes capables de réunir pour nos descendants les moyens de formuler ces interrogations, nous aurons mérité alors, et alors seulement, de ceux qui sont morts pour l’Algérie française.

Nos soldats du contingent, nos soldats de l’armée de métier, nos harkis lynchés par dizaines de milliers, nos civils massacrés, enlevés, torturés, disparus.

Nous aurons mérité de nos combattants de l’OAS : je pense tout particulièrement à Le Pivain, assassiné à Alger, à nos garçons de Bellecourt, tués dans l’Ouarsenis avec le commandant Bazin. Nous n’oublions pas les sept deltas d’Oranie tués avec leur chef Axel Galvadon à Sidi-Bel-Abbès. Nos combattants du quartier 3 du secteur centre d’Alger (Champ-de-Manoeuvre, Belcourt, Le Ruisseau) tués en opération dans les rues d’Alger : Lebel, Maurer, Turiella, Lichtlet, Liegeois.

Nous évoquons tout particulièrement la mémoire de nos fusillés : Piegts, Dovecar, Degueldre, Bastien-Thiry, dont nous attendons que l’on nous dise officiellement qu’ils sont morts pour la France.

Les gaullistes ainsi que leurs alliés du FLN de l’extérieur, ont toujours considéré les pieds-noirs comme des dhimmis en puissance. Ils avaient organisé en esprit la nouvelle dhimmitude dans laquelle devaient s’installer les Français d’Algérie. C’est à dire au sein d’une collectivité soumise avant tout à la loi des Croyants, obligée de payer tribut pour vivre, circuler et travailler. « Ils porteront le fez si nécessaire » a déclaré le général Massu à un interlocuteur anonyme.

Ils ont agi comme s’ils avaient voulu d’une Algérie où l’islamisme allait être dominant. D’une Algérie où les pieds-noirs allaient être chargés de la composante technique, artistique, artisanale et civilisatrice de la vie. Comme l’avaient fait les dhimmis juifs et chrétiens à partir des VIIè et VIIIè siècle, au Moyen Orient, dans les Balkans, en Grèce et en Espagne, ainsi que dans le Maghreb, qui avait un grand passé de civilisation romaine et chrétienne.

Pour les gouvernements de la IVeme et surtout de la Veme République, la question n’était pas de savoir si l’Algérie devait être indépendante ou non. Pour eux, la question était delà réglée. L’Algérie serait indépendante. La question qui les gênait était celle-ci :

- quel avenir pour les peuples français d’Algérie à qui justement était refusée la qualité de Français ?

Les pieds-noirs furent ainsi, volontairement et sadiquement, acculés à leur désespoir ... puis à leur colère.

Le regret que je manifeste aujourd’hui, c’est qu’ils n’aient pas été capables de se mettre tous en colère quand il le fallait.

(Suite de l’Affaire Si SALAH dans un prochain article)

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