Montebourg demande que Guérini quitte la tête du PS marseillais

, par  Allezou...bIda ✞ , popularité : 27%

C’est un coup de tonnerre qui risque d’ébranler le Parti socialiste. Le Point dévoile le "rapport confidentiel" (lire le rapport en pdf : http://www.lepoint2.com/sons/pdf/rapport-federation-socialiste.pdf) effectué sur la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône et son président, Jean-Noël Guérini, par Arnaud Montebourg pour le compte de Martine Aubry. Et il est au vitriol.

Le député de Saône-et-Loire, qui a rédigé ce texte de quatre pages en décembre 2010, n’y mâche pas ses mots. Evoquant un "système de pression féodal reposant sur l’intimidation et la peur", ou encore le spectre de "dérives les plus graves dans l’usage de l’argent public", il recommande tout simplement de déchoir Jean-Noël Guérini, également président du conseil général du département, de son titre au PS, et de mettre toute la fédération sous la tutelle de la direction nationale.

MENACES PHYSIQUES

Jean-Noël Guérini est déjà soupçonné par la justice d’avoir fait bénéficier son frère Alexandre, entrepreneur, de marchés publics de complaisance avec le département.

>> Lire : Deux ans d’enquête autour d’Alexandre Guérini

Les accusations et les révélations se succèdent dans ce dossier, et deviennent embarrassantes pour les socialistes. D’où la mission confiée à Arnaud Montebourg, qui a passé quelque temps dans le département en juin 2010, dans le cadre de sa mission pour la "rénovation" du parti.

Dans son rapport, le député fait le constat d’un système corrompu. Le conseil général présidé par M. Guérini, "machine à distribuer des postes d’élus ou d’employés" selon lui, "est utilisé comme instrument clientéliste, l’argent public y est notoirement utilisé pour faire pression sur les élus socialistes afin de s’assurer de leur soutien sans faille – pour ne pas dire leur docilité –, quand il ne s’agit pas de leur silence".

Arnaud Montebourg évoque un système de chantage à la subvention du conseil général : "Régulièrement des conseillers généraux sont en disgrâce, puis en fonction de l’intérêt du moment, reviennent au premier plan, leurs moyens et les subventions qu’ils demandent sont restreintes, jusqu’à ce qu’ils fassent à nouveau allégeance." Il parle même de plusieurs cas de menaces physiques envers certains militants récalcitrants, y compris avec armes.

"DESTITUTION AUTOMATIQUE"

Quant au PS, le député estime qu’il était dirigé depuis le cabinet du président du conseil général, "devenu le lieu de contrôle de la vie militante, dont l’essentiel de l’activité consiste à s’assurer la fidélité aveugle des responsables de sections ou des cadres fédéraux de notre parti". Arnaud Montebourg relate comment "Jean-Noël Guérini s’est auto-proclamé président de la Fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, un poste qui n’existe pas dans les statuts", pour court-circuiter l’autorité d’Eugène Caselli, le premier secrétaire fédéral.

Pour Arnaud Montebourg, qui dit avoir pris l’initiative de saisir Martine Aubry de la question, une mise sous tutelle de la fédération des Bouches-du-Rhône s’impose. Il estime par ailleurs que les errements de Jean-Noël Guérini justifient "sa destitution automatique par les instances nationales" du PS. Mercredi soir, Martine Aubry et la direction du parti n’avaient pas réagi aux recommandations du député.

L’affaire pourrait raviver de vieilles querelles internes. Comme la fédération de l’Hérault, alors sous le contrôle de Georges Frêche, les Bouches-du-Rhône s’étaient rangées derrière Ségolène Royal lors du congrès de Reims en 2008. Le vote des militants pour départager l’ex-candidate de 2007 et Martine Aubry avait donné lieu à des fraudes de part et d’autre, généralement effectuées avec la complicité active des instances socialistes locales : dans le Nord en faveur de Martine Aubry, et dans le Sud en faveur de Ségolène Royal.
Le Monde.fr

Voir en ligne : http://www.lemonde.fr/politique/art...

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