Les pieds noirs et l’union

, par  Danièle LOPEZ , popularité : 33%

…. Il est vrai que les Français rapatriés d’ Algérie, une fois installés en France, ont confondu unité et union !

A vivre en France métropolitaine, nous avons acquis de leurs manières de vivre …. Nous sommes donc devenus plus solitaires…. moins solidaires…. .

Mais les politiques étaient contents : Ils appelaient ça :

Intégration . Le maître mot !

L’ intégration ne concerne pas seulement les étrangers, nous en sommes l’ exemple.

Dès 1962 , pour survivre en France, nous avons dû laisser au placards nos us et coutumes. Les portes fermées hermétiquement sur notre chagrin, nos souvenirs, nos forces et nos faiblesses.

L’éloignement des êtres chers, éparpillés au quatre coins de ce pays qu’il nous fallait apprendre, a été l’épreuve la plus pénible à surmonter pour ce peuple meurtri que nous étions.

Car nous étions des Français à part entière, certes, mais vivant comme des insulaires, les uns pour les autres, les uns sur les autres, souvent….

Il a donc fallu nous acclimater , au propre comme au figuré.

Souvenez-vous !

Combien de milliers de familles se sont-elles vues imposer une destination finale sans même savoir où elles allaient atterrir ?

Pour certains, et ils n’étaient pas très nombreux, la destination était choisie en fonction d’une quelconque connaissance ou un parent éloigné installé déjà sur cette terre.

Le premier pas vers la désunion des Français d’ Algérie a commencé à notre arrivée dans les Ports et Aéroports de Métropole.

mot d’ordre des politiques :

"diviser pour mieux régner"

Telle est, toujours d’ailleurs, restée leur devise !

Un pays inconnu où l’accueil fut, parfois hostile en tous cas frileux !

Qui d’entre nous a oublié ….

Les regards moqueurs quand « ils » entendaient notre accent ,

Les portes se refermer quand il s’agissait de louer un appartement,

Le parcours du combattant pour trouver un emploi , quel qu’il soit !

Sortir de ces camps de la honte , retrouver notre fierté , ne pas pleurer , étaient nos seules priorités .

Alors, les vautours politiques ont perçu l’ embellie.

Ceux qui, hier voulaient nous rejeter à la mer, décidaient de récupérer les voix potentielles que nous leurs offririons aux prochaines élections.

-  « Nous sommes tel ou tel parti politique (sans majuscule, s’il vous plait, ils ne le méritent pas ) il faudrait créer telle association nous vous soutiendrions …… ».

Ou encore

- « Le maire de cette ville vous propose un emploi et un logement tout neuf
dans une H L M , il est pour les pieds-noirs ! il faut juste s’inscrire au parti…… »

Nombre de propositions aussi « scélérates » les unes que les autres ont été proposées à nos pères. Mais comment refuser quand on a une famille à nourrir ?

Ils étaient fragilisés par le déracinement et surtout par l’isolement dans lequel ils se trouvaient.
(Quand tu n’as plus autour de toi tes frères, tes amis qui font ta force, tu deviens un homme faible.)

Dans cette détresse qui était la nôtre, combien ont cru à l’honnêteté de ces hommes indignes ?

Pendant combien d’années avons-nous, tous azimuts, entendu ce refrain : « le dossier des rapatriés d’ Algérie est une priorité ... » dès qu’une élection se préparait ?

Pour nous enterrer dans l’oubli dès la consultation passée, pendant les cinq à six années qui suivaient ?

Je me suis fatiguée de les croire et vous aussi très certainement.

Quarante trois ans après, nous sommes encore plus éparpillés moralement que physiquement.

On ne compte plus le nombre d’ Associations de Français d’ Algérie existantes.

Chacun « roule » pour soi ! L’ Unité compte plus que l’ Union !

« ILS » ont réussi !!! La preuve ? nos voix ne comptent plus dans les suffrages !

Nous nous sommes si bien intégrés dans leur paysage qu’ils ne nous voient plus depuis longtemps !

alors,

Allons-nous laisser l’histoire de notre Peuple tomber dans l’oubli ?

Les témoins visuels de notre histoire arrivent sur la pente sans retour du déclin de la vie...

Serait-il possible que nous puissions, dans un ultime effort, nous unir comme un seul homme et laisser à nos enfants l’histoire vraie qui est la nôtre et non celles que certains politiques ont envie d’écrire ou de faire écrire pour se couvrir, pour continuer leur marchandage, et renier notre existence ?

Dénoncer ne suffit pas ! ne suffit plus ! Il faut rétablir la Vérité !

Encore faut-il, que nous construisions notre défense, comme les Juifs ont bâti la leur et avec le même acharnement, poursuivre les responsables de notre Exode.

Oui ! ils sont encore là ! Et, oui ! nous le pouvons !

Mais surtout nous le devons à nos enfants et nos petits enfants déjà nés !

Notre Union est essentielle pour peser dans la Politique Française .

Unis , nous pourrons enfin exiger que notre Communauté soit reconnue par la France et par les Historiens sérieux qui écriront notre Passé en Algérie Française.

L’échéance approche . Saisissons cette ultime occasion qui nous est donnée et prenons en mains l’avenir de notre descendance.

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