Le mieux est l’ennemi du bien Analyse politiquement incorrecte

, par  Allezou...bIda ✞ , popularité : 13%

Une financière africaine fait le procès de l’assitance étrangère. Elle dynamite cinquante ans de mauvaises habitudes.

"Les pays riches ont déversé 1000 milliards de dollars d’aide à l’Afrique mais entre 1970/1980, le taux de pauvreé est passé de 11 à 66%".

L’aide aux pays émergents ralentit la croissance, accentue la pauvreté et laisse l’Afrique à l’écart du progrès économique.

Les pays riches se sentent moralement obligés d’aider les pays pauvres, cette manne a un effet dévastateur sur les plans économique, politique et humanitaire.

Ce déversement de subsides s’est inspiré du plan de Bretton Woods signé le 22 juillet 1944, qui permit aux pays européens de se relever après la 2ème guerre, mais différemment à l’Afrique, l’Europe avait une structure et le flux financier du plan Marshall ne représentait que 2% du PNB des pays bénéficiaires. Ce plan ne dura que 5 ans, l’Afrique est sous perfusion depuis plus de 50 ans.

En 1980 la contribution du F.M.I. passa de 8 à 12 milliards de dollars, ce qui accrut la dépendance des pays pauvres et aggrava leur endettement avec les conséquences que nous connaissons : corruption, accroissement de la pauvreté, déclin de la croissance.

Les donateurs pensent qu’une bonne gouvernance et la démocratie encouragent la croissance alors que :

"La démocratie n’est pas le préalable de la croissance économique, au contraire c’est le développement économique qui est le préalable à la démocratie".

Le Sénégal, pays démocratique (à l’africaine !!!), n’a eu que 3% de croissance en 2006 alors que le Soudan, pays non démocratique, bénéficie d’une croissance économique sans précédent ; la Tunisie, "démocratie sous contrôle", est devenue un modèle de développement maîtrisé dans un environnement de misère endémique et de violence.

Les pays occidentaux ont espéré que d’introduire des institutions démocratiques dans des nations sous développées garantissait à l’Afrique un changement immédiat économique et politique.

L’écrivain stigmatise les grands shows humanitaires de Bob Gelfort et Bono (du Groupe musical U.2) qui servent d’alibi aux pays riches cherchant la meilleure solution pour résoudre les problèmes de ce continent.

Les élus africains, se contentant de cette aide, n’ont pas l’élan de s’attaquer aux problèmes ni de donner une orientation économique et politique à leur pays.

Ces pays dépendant de l’aide internationale n’ont un taux de croissance que de 0,2%. Cette aide encourage les trafics et elle est un des supports majeur de la corruption. Au Zaïre, 5 milliards de dollars finirent sur les comptes off shore du président Mobotu Sese Seko, l’équivalent de la totalité de la dette de son pays.

La Banque Mondiale reconnait que 85% de l’aide ne servent pas aux fins formulées à l’origine. Quand les subventions sont destinées à une centrale électrique, elles servent en réalité à financer un bordel. 100 milliards de dollars auraient été ainsi détournés, associés aux autres prêts, ce serait 200 milliards de dollars évaporés.

Il y a la corruption positive lorsque l’argent volé est réintroduit dans le pays et la négative lorsque l’argent va "gonfler" les comptes personnels des édiles. En Ouganda, à peine 0,20 cents par dollars atteignent les écoles primaires.

Une autre conséquence de cette corruption : les entrepreneurs étrangers n’investissent par leur argent, entrainant la stagnation des investissements.

La main d’œuvre qualifiée fait défaut comme manquent les occasions d’investissements suffisamment importants qui permettraient d’employer efficacement cette manne.

Les biens de fabrication locale destinés à l’exportation coûtent trop chers et ne sont plus compétitifs sur le marché international car l’aide renforce la monnaie locale et pénalise les entreprises exportatrices.

"Les agences en charge du développement continuent d’assister les états africains les plus corrompus et les moins responsables".

Cette aide est aussi "belligène" : les clans sont dans une impitoyable concurrence dans le seul but d’accéder au contrôle de cette prébende (Soudan, Congo, Libéria).

"L’aide est source de paresse chez les dirigeants africains. Elle leur apparaît comme un revenu permanent. Ils n’ont pas d’incitation à chercher d’autres moyens de financer le développement à long terme de leur pays".

Elle remplace la ressource fiscale : les populations ne payant pas d’impôts, elles n’ont aucune légitimité politique.

Les solutions :

* réduction progressive de la dépendance en renvoyant les pays à l’économie
de marché ;

* investissements directs étrangers ;

* transferts de technologie ;

* développement de la croissance avec pour effet créations d’emplois ;

* développement du commerce ;

* micocrédit ;

* renforcement des institutions avec obligation faite aux élus et aux
fonctionnaires de rendre des comptes à la société.

Après le discours de Dakar qui a suscité une avalanche de critiques :

La colonisation n’est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l’Afrique. Elle n’est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux. Elle n’est pas responsable des génocides. Elle n’est pas responsable des dictateurs. Elle n’est pas responsable du fanatisme. Elle n’est pas responsable de la corruption, de la prévarication. Elle n’est pas responsable des gaspillages et de la pollution .

Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.

L’analyse ci-avant est due à Dambisa Moyo, Zaïroise, diplômée de Harvard et d’Oxford, ancienne de la Banque Mondiale et de la banque américaine Goldman Sachs. Seule une enfant de l’Afrique pouvait donner une telle analyse de la situation de ce continent ; je défie quiconque de trouver le moindre relent de néocolonialisme et de discrimination raciale chez cette jeune africaine.

(source Valeurs Actuelles)

Dambisa Moyo : L’aide fatale -
J.C. Lattès - 20 E

Navigation

Brèves Toutes les brèves