Coup de gueule contre la télé : Pour ma fille - Plutôt : et ta soeur !

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Tue, 13 Oct 2009 03:01:53 EDT

Von : RJosseline 6q9 aol.com

An : assistant.mediaprog 6q9 francetv.fr

Réponse Pour ma fille

Mesdames, monsieur,

Je vous remercie pour votre réponse qui, vous vous en doutez, ne me satisfait pas du tout, à moins que vous me considériez comme une débile mentale.
Tout d’abord, je vous serais très obligée de me faire savoir quelles "recherches" vous avez effectuées pour trouver que Gavino était un patronyme "assez" répandu chez les Pieds Noirs ; Ayant vécu 19 ans en Algérie, j’ai rencontré beaucoup de Lopez, Hernandez, Martinez, Benguigui, Benichou, Ghenassia et même Durand et Martin, mais JAMAIS de Gavino. Je n’ai entendu ce nom,pour la première fois, que bien longtemps après notre pseudo-rapatriement.
Vous ne me ferez pas croire que vos "recherches" ne vous ont pas permis de découvrir le nom de ce chanteur parmi TOUS les Gavino que vous avez soi-disant trouvés.

Quant au personnage principal du film, vous ne me ferez pas croire non plus que la meurtrière raciste n’est pas censée, à vos yeux, représenter toute une communauté, tout comme Dupont Lajoie n’était pas "un personnage singulier" mais un Français moyen, emblématique de tous les Français racistes.

Mais Yves Boisset, lui, avait choisi un nom très répandu ... au Canada.

Enfin, vous voulez me faire croire que vous avez voulu évoquer le "retour douloureux" des Pieds Noirs. Est-ce à travers la prière grotesque de madame Gavino ? Vous avez, paraît-il, voulu montrer la tolérance d’un Pieds Noirs à travers le mari défunt de madame Gavino qui, elle, est omniprésente. Et que dire du caricatural "Grégoire" qui évoque ce retour douloureux tout en étant l’exécuteur des basses oeuvres de madame Gavino.

Si ce film était ce que vous dites, je n’aurais pas entendu autant de propos indignés de la part de Pieds Noirs qui ont connu ce retour douloureux mais qui n’ont pas eu les moyens d’acheter un domaine viticole parce qu’ils avaient tout perdu, y compris les tombes de leurs parents.

Je persiste donc à dire que vous avez cherché à jeter l’opprobre sur une communauté qui subit, depuis bientôt un demi-siècle, les attaques haineuses de gens qui ne se sont jamais donné la peine d’essayer de comprendre ou d’apprendre ce qu’a été cette tragédie pour un million de personnes.

L’auteur, dites vous, est issu de l’immigration polonaise. Que n’a-t-il écrit sur un sujet qu’il connaît sûrement bien ? Pourquoi ne pas avoir fait un film sur une famille polonaise, au patronyme "assez répandu" de Kopa, Walesa, Polanski ou Rudnicki ? Avec un père alcoolique, qui aurait récité des prières idiotes pour sa Pologne natale et qui aurait assassiné le fiancé de sa fille parce qu’il n’était pas catholique...

Non, vous avez préféré la facilité : attaquer sournoisement les Pieds Noirs, comme tous ceux qui se couchent devant les idéologies à la mode et qui les accusent de tous les maux et, notamment, d’avoir fait suer le burnous.

Pour votre information, mon grand-père maternel, qui ne s’appelait pas Gavino, mais Colombier, est mort en revenant de la première guerre mondiale et ma grand-mère s’est retrouvée seule, sans ressources, avec 6 enfants à élever.

Je ne doute pas qu’un jour le tribunal de l’Histoire jugera comme ils le méritent les falsificateurs. Il a fallu attendre que l’URSS s’effondre pour que les vrais coupables du massacre de Katyn soient désignés alors qu’ils étaient connus depuis longtemps. Evidemment, c’était devenu moins risqué.

Votre réponse n’en est pas une. Par conséquent, j’entreprendrai toutes les démarches nécessaires pour que justice nous soit rendue et votre mauvaise foi démontrée.

Avec mes salutations indignées.

Josseline Revel-Mouroz


Dans un e-mail daté du 09/10/2009 15:57:37 Paris, Madrid (heure d’été),
assistant.mediaprog 6q9 francetv.fr a écrit :

Bonjour,

Nous avons bien reçu votre courriel, qui faisait suite à la diffusion par France 3 samedi 26 septembre du téléfilm "Pour ma fille".

J’ai transmis vos réactions auprès de la direction de la fiction de la chaîne et de la production qui ont souhaité vous livrer les éléments de réponse ci-dessous :

"« Pour ma fille » est un film sur une femme meurtrie par l’assassinat de sa fille et qui cherche à connaître la vérité sur sa mort.

Nous, producteur, auteur, et réalisatrice voulions traiter la thématique de la vengeance, et de son aveuglement, dans les codes du film policier.

Le personnage singulier de la criminelle est avant tout une femme blessée, arrachée à sa terre, trompée par son mari et craignant de perdre son fils.
Le film aborde également les secrets de famille, la résilience, et le parcours difficile d’un homme pour échapper à l’emprise de sa mère affectée par la maladie.

Concernant le patronyme "Gavino", nous l’avons choisi parce qu’il est, d’après nos recherches, assez répandu dans la communauté pied-noir. Il ne visait en aucune manière un chanteur, inconnu de nous, et donc l’utilisation de ce patronyme n’est aucunement diffamant à son égard.

L’action de "Pour ma fille" se situe dans la communauté pied-noir, afin d’évoquer leur retour douloureux en France après guerre, alors que certains ont relancé des domaines viticoles en perdition. C’est d’ailleurs clairement dit par le personnage de "Grégoire"au début du film.
Si la propriétaire du domaine Gavino est une meurtrière qui réagit de manière raciste, elle porte à elle seule cette singularité. Et jamais il n’est dit ni sous-entendu dans le film que tous les pieds-noirs sont ou pourraient être racistes.

Bien au contraire : et le défunt mari de Mme Gavino, et son fils Christophe, sont le contre exemple parfait, puisqu’ils sont tous deux tombés amoureux, et pour l’un d’une algérienne, et pour l’autre, d’une jeune française d’origine algérienne. Et tous deux sont pieds-noirs. Le film s’achève d’ailleurs sur ce fils dénonçant les crimes de sa mère, refusant d’assumer sa
névrose, qui trahit à ses yeux l’héritage de tolérance du père.

Pour finir, l’auteur de ce film est issu de l’immigration polonaise. Ses grands-parents sont d’anciens mineurs ayant laissé leur vie dans les mines de charbon. Il comprend la difficulté de s’intégrer en France et d’y trouver sa place, et surtout la reconnaissance du pays.

Le film n’a en aucune manière été écrit pour porter atteinte à la communauté pied-noir. Malgré tout, si notre propos vous a semblé désobligeant, nous nous en excusons.

La productrice,

Le scénariste,

La réalisatrice. "

J’espère que ces quelques lignes vous permettront de comprendre comment cette fiction a été construite.

Je vous remercie d’avoir pris la peine de nous faire part de votre sentiment,

Salutations attentives,

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