Albert CAMUS au Panthéon

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Le 10 décembre 1957, l’écrivain reçoit en grande pompe son prix Nobel de littérature.
Deux jours après, le 12 décembre, une conférence de presse se tient dans le grand amphithéâtre de l’université de Stockholm. Beaucoup de questions, en particulier sur l’insurrection algérienne. Camus est interpellé par un jeune militant algérien qui lui reproche de ne pas s’engager pour l’indépendance. L’écrivain lui demande son âge. On polémique, on se coupe la parole. C’est dans ce contexte que Camus prononce l’une de ses phrases les plus célèbres, les plus controversées : "Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice." Phrase qui fera dire à Simone de Beauvoir que Camus s’était rangé "du côté des pieds-noirs".

Bien sûr, comme tout écrivain, comme tout intellectuel, et somme toute, comme tout humain normalement constitué, tout n’était pas si tranché dans la pensée d’Albert Camus et si nous pouvons être fiers de l’oeuvre du plus célèbre des pieds-noirs, certains pourront lui reprocher justement, à l’inverse de ce jeune militant algérien, de ne pas avoir usé (ou peut-être abusé) de son influence pour rallier d’autres intellectuels, d’autres écrivains, à la cause de l’Algérie française.

Albert Camus décède le 4 janvier 1960, dans un "stupide" accident de voiture dans l’Yonne, loin de sa mère qui vivait à Alger, loin de sa patrie.
il ne vivra donc pas les derniers instants de l’Algérie française : s’il pressentait la tournure qu’allaient prendre les évènements, puis la guerre, avait-il abandonné tout espoir de leur voir un dénouement moins dramatique ?

Près d’un demi-siècle plus tard, on envisage de transférer ses restes au Panthéon : s’il n’avait pas laissé de "consignes" interdisant formellement ce voyage posthume, son oeuvre et sa vie laissent supposer qu’il n’aurait pas vraiment apprécié cet honneur.

A Lourmarin, village du Lubéron où il est enterré, on le croyait pourtant à l’abri des profanations et autres regroupements de sépultures qu’auraient à subir nombre de ses compatriotes pieds-noirs enterrés en Algérie.

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