 Toto chez les Zénètes
Toto chez les Zénètes
		
		
		INTRODUCTION
 
"NOTE DE PRESENTATION PAR L’AUTEUR
Il y a plus de quarante ans que la guerre d’Algérie ci-devant appelée  
“opérations de sécurité et de maintien de l’ordre” ..(1)  aurait pris  
fin.  On le dit certes, mais ce n’est pas la vérité car si l’Algérie  
fut indépendante en 1962 l’état de guerre y est depuis lors habituel et  
récurrent.   A la guerre d’Algérie a succédé ... en quelque sorte 
"la guerre en Algérie".
Et puis, il y a cette guérilla urbaine qui s’est développée dans les  
banlieues de nos villes et qui en est à la fois le prolongement avéré  
et la conséquence prévisible.
Les exactions de toute nature y sont maintenant monnaie courante, comme au bon vieux temps.
On parle pudiquement de zones de non droit .. pas encore de maintien de l’ordre ... mais à ce train-là ça ne saurait tarder !
Tout cela me  semble à l’évidence orchestré par les mêmes agitateurs ou ce qu’il en  
reste et par leurs dignes successeurs qui sont animés peu ou prou par  
la même idéologie politico-religieuse, les mêmes ambitions et  
poursuivent les mêmes buts qu’autrefois.
D’ailleurs, dans les années qui ont suivi l’indépendance, il n’était  
pas rare d’entendre tous ces pourfendeurs de roumis (2) disciples du  
Prophète et partisans de Ben Bella puis de Boumediène, promettre sans  
ambages que désormais l’objectif de la révolution algérienne ... qui  
n’a pas révolutionné grand chose, soit dit en passant ... était de  
porter le fer de la guérilla sur l’autre rive de la Méditerranée.
Et bien, c’est fait ...!
(1) on nommait ainsi la guerre d’Algérie qu’on ne voulait pas  
reconnaître comme telle pour d’impertinentes raisons.
(2) Ce mot provient probablement de ’roums’  nom donné par les Zénètes  nomades aux Grecs fixés dans le pays. 
Il désignait les Infidèles, avant  qu’ils ne deviennent des mécréants .
En France après l’indépendance, plus personne n’était disposé à  
entendre ces bobards.
Sachant que le temps écoulé n’a qu’une relative importance en terre  
musulmane, on ne peut s’empêcher de rapprocher ces menaces de guérilla  exportée des agressions qui se perpétuent presque journellement dans  les quartiers colonisés de nos banlieues.
Le monde politique parisien qui n’a pas compris grand chose, quand il  
le fallait, à ce qui se passait là-bas, à la guérilla, au terrorisme  
(déjà) islamique et encore moins à ce qu’il convenait de faire pour s’y  opposer avec efficacité, ne voulait plus rien entendre de l’Algérie.
Quant à la gentry journalistique, devenue gaullienne jusqu’au bout de la langue et du stylo, elle avait bien d’autres chats à fouetter et a complètement déserté le sujet.
L’Algérie qui avait tenu la une de l’actualité pendant tant d’années n’intéressait plus personne.
Pour entendre ces provocations et les prendre au sérieux il ne restait  donc qu’une poignée de pieds-noirs encore présents ... ou quelques  
voyageurs égarés.++++
J’étais de ceux là.
Militaire du contingent et puis, à quelques mois de là en cette année  
1959, redevenu civil dans le costume mais pas encore tout à fait dans  
la tête, je fus le témoin presque au jour le jour de l’inexorable  
régression économique et sociale de ce fabuleux pays.
Quelque mois après mon retour à la vie civile, je repartais illico au  
Maghreb pour une tournée professionnelle de plusieurs semaines.  Je retrouvais alors les ’Fellagha’ non pas dans le djebel cette fois, mais  attablés à siroter une bière au “Grand Café de Paris” de l’avenue  
Bourguiba, les Champs Elysées de Tunis ...
  Accessoirement, très accessoirement, car ça n’est pas l’objet de mon  
bouquin voici un petit texte additionnel pour expliquer l’emploi du mot  
"Zénète" dans le titre.
Ce petit retour à l’Histoire ne me semble pas superflu ... ( pour tout  
dire, et en tant que cavalier fanatique du cheval "Barbe  je  
m’intéresse beaucoup à ce passé Moghrében)
Un mot sur les ‘ Zénètes ’ ...   populations originelles, nomades,  
berbères du Moghreb.
L’Afrique du nord fut, depuis toujours, une terre d’invasion.
A l’inverse de l’Angleterre qui n’a pas été envahie depuis un  
millénaire et qui connaît, sûrement de ce fait, une stabilité sociale  
et politique exemplaire, en “Ifriquiya”  l’anarchie caïdale a régné en  
maître ...  et y règne encore de nos jours sous une autre forme.
Seules les périodes romaines et ultérieurement françaises ont modifié,  
superficiellement et provisoirement, cet état de chose.
L’explication de base est que ce pays des Zénètes a toujours été un  
pays de guerriers, dont tout le monde a voulu plus ou moins se servir  
pour satisfaire des besoins de conquêtes et de pillages :  turcs,  
vandales, romains, byzantins, arabes etc ... pour les plus récents dans  
cette histoire.
Et pourquoi cela ?
... parce que ces tribus Zénètes des montagnes  ( dont la capitale  
était probablement Oued Zénati )  étaient des cavaliers redoutables,  
sans doute les meilleurs du monde, que  toutes les civilisations  
européennes et méditerranéennes qui passèrent par là, ont cherché à  
utiliser pour guerroyer, s’approprier les richesses des autres et / ou  
imposer leur religion.
"
 
La plus grande faute de l’occident fut probablement de les combattre (  
pour leur bien ou pour leurs biens ? allez savoir ... ) au lieu de  
tenter d’en faire des partenaires, des alliés ... comme les romains ont  
tenté de le faire et surtout comme les arabes ... et les bédouins en  
particulier ont réussi à le faire.
Le cheval ayant été pendant des lustres le meilleur vecteur des  
conquêtes, il était incontournable de posséder les meilleurs, les plus  
maniables, les plus sobres et les plus endurants pour gagner les  
batailles.
En Occident, pour faire la guerre, il n’y avait alors  que des chevaux  
lourds, porteurs (à cause du poids des armures) et impossibles à  
diriger en pleine bataille.
L’histoire de la race de chevaux ‘Barbes’ (entendez : ‘barbaresques’)  
originaire du Maghreb est donc indissociable de l’histoire des hommes  
de ce pays. Il faut donc l’évoquer...
 
Le cheval Barbe est un animal robuste, sobre et endurant. Il est à la  
base de la plupart des grandes races actuelles de chevaux en europe et  
sur le continent américain.
Par exemple, il est le premier géniteur du Pur Sang (anglais et  
français) ainsi que du Pure Race Espagnol, du Quarter horse, du Criollo  
etc ...
Les guerriers Zénètes furent les meilleurs cavaliers du monde car, avec  
les meilleurs chevaux, ils ont inventé la meilleure façon de les  
monter, la façon dite "à la Jineta" ...
 
à la Genet, c’est à dire et  
sans entrer dans les détails, jambes repliées et donc aptes à diriger  
l’animal  (c’est la monte utilisée presque universellement de nos jours  
) complétée par un équipement ultra léger : sabre, bouclier en cuir,  
sans autre protection, ce qui était impensable à l’époque.
Face à ces cavaliers virevoltants, il n’y avait alors que des gros
 
lourds qui, lancés au galop sur une ligne droite, imperturbables,  
étaient incapables de tourner ni même de s’arrêter.
C’est donc grâce à ces chevaux et à la façon de les monter que les  
berbères Zénètes, pour le compte de l’Islam ... ( et non pas les  
‘Maures’ ou les ‘Arabes’ , comme on le prétend ... )  ont battu à  
plates coutures les armées de la chrétienté, occupé l’Espagne pendant  
sept siècles et tenu en respect le monde occidental au point que, pour  
les chasser par la force, l’Occident dut affiner ses propres races de  
chevaux avec des géniteurs ‘Barbe’ ( puis ‘Arabe’ ) ...  et apprendre à  
monter “à la Zénètes”, pour en venir à bout.
Grâce à leur technique cavalière, les Zénètes furent à la fois redoutés  
comme guerriers et convoités en tant qu’alliés par tous les peuples  
dominants de la méditerranée, et ce pendant des siècles et des siècles.
L’islam qui avait bien compris cet enjeu stratégique s’y est installé  
pour longtemps par le biais de la conquête religieuse, puis de  
l’absorption sociale, et dans la droite ligne du conflit avec la  
chrétienté qui perdure depuis la nuit des temps.
 
 Notre Journal
  Notre Journal