L’AMITIE CHEZ NOUS "OTRES"

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« Des copains peuvent avoir le même père, mais des amis ont toujours la même mère »

Depuis notre départ de chez nous, il y a 47 ans, beaucoup d’entre nous sommes à la recherche d’amis perdus de vue ou, hélas, disparus. je suis persuadé que nous en souffrons. Ils étaient et font partie intégrantes de nos racines, de notre art de vivre et d’être ce que nous sommes, tout simplement.

Qu’est l’amitié ?

C’est un sentiment partagé entre deux ou plusieurs personnes qui n’ont aucun lien de parenté entre eux, si ce n’est celui du cœur.

Les meilleurs amis sont des personnes qui tissent entre elles, des liens privilégiés qui passent au dessus de beaucoup de certitudes ou d’idées reçues.

Chez nous, Pieds-noirs, l’amitié est née de l’adversité. Et, voyez-vous cette amitié là dépasse l’entendement des personnes qui ne sont pas issues de notre moule.

Ce moule, ce sont nos traditions, notre joie de nous retrouver et d’être ensemble et surtout de savoir qu’à tous moments ceux d’entre nous qui souffrons des fausses promesses et des fausses espérances que l’on nous a fait miroiter, savons que nous avons autour de nous des épaules sur lesquelles nous pouvons nous appuyer.

Il nous faut réaliser que tant que notre communauté formera un bloc de granit, comme celui que nos ancêtres ... « Les Gaulois »…, utilisaient pour construire des menhirs et des dolmens, tant que ce sentiment nous animera et que nous garderons la foi, il ne pourra jamais rien nous arriver.

On peut parfois dériver et déraper, cela m’arrive parfois, mais nous avons une chance inouïe de posséder à la tête de nos sites des personnes qui savent séparer le bon grain de l’ivraie.

Je vais vous citer mon modeste exemple sur une rencontre d’amitié qui s’est déroulée il y a quelques jours :

La semaine dernière entre les 6 et 10 Mai, j’exposai mon livre au palais des Congrès d’Antibes- Juan Les Pins, au 31° salon des auteurs et artistes Pieds-noirs : « Il était une fois notre là-bas…. »

J’étais derrière ma table aux côtés de mon épouse, avec mes livres étalés devant moi, et je parlais en espagnol avec un pied-noir d’Oran, qui se tenait face à moi et auquel je venais de dédicacer un exemplaire de mon bouquin.

Deux gars se présentent alors et l’un d’eux me dit en espagnol :
Es asi que ne notan los Oraneses, no pueden empedirse de hablar Espagnol entre ellos. Traduction : c’est à cela que l’on reconnaît les Oranais. Ils ne peuvent s’empêcher de parler Espagnol entre eux.

Je lui demande alors d’où il était et il me répond qu’il était d’Oran. Je m’adresse à son copain et lui pose la même question et lui, me réponds qu’il était d’Alger mais qu’il comprenait et parlait couramment l’espagnol.

Alors pour être sympa avec lui, je lui dis avoir fait mon service militaire à Alger et plus particulièrement à Ben Aknoun et Aumale. Aussitôt il me dit qu’il connaissait Ben Aknoun et Aumale où à sa connaissance il n’y avait que l’école de transmissions (EMAT/AFN) où il avait enseigné. Alors je lui réponds que c’était bien de cela dont je voulais parler et que j’avais fait moi aussi partie de l’EMAT/ AFN. (Ecole militaire annexe des transmissions).

Je lui demande son nom et il me répond : je m’appelle MARTINELLI.

Je sursaute et lui demande : Sergent-chef Martinelli ? Il sursaute à son tour et me réponds OUI !. Je contourne alors mon étalage, sors dans l’allée des visiteurs, le prends dans mes bras et l’embrasse sur les deux joues en l’étreignant contre moi. Il s’agissait bien de notre Chef Martinelli de Ben- Aknoun et d’Aumale. Alors là je ne vous dis pas. Ont défilé les Chef Gongora (le fourrier) les sergents Gatt, Barbu, Zantar, les Capitaines Auriol, Bourhis, les adjudants chefs Pelletier, Lupo, Reversat, le chef Kabyle Mouzarine et le chef Gallet, les Di Giovanni le caporal-chef de l’ordinaire,...etc...etc. Nous étions comme des fous tous les deux et nous sautions comme deux gosses heureux de se retrouver. Voilà, je voulais vous parler d’un évènement qui vient de se passer entre un ami de régiment qui était mon instructeur et vous dire que le monde est petit et seules les montagnes ne se rencontrent pas.

Le Sergent Chef MARTINELLI Claude d’ANTIBES, dont nous tous avons gardé un souvenir formidable pour ses qualités humaines et sa grande compétence. Il était pour nous un conseiller et un instructeur de très haut niveau. Vous lirez en fin de message quelle a été son ascension dans l’aristocratie de l’administration Française.
Il vient de m’envoyer hier, une liste de gradés ou copains qui étaient avec nous.

Voilà, je voulais vous décrire ce qu’est l’amitié 55 ans après et vous affirmer quelque chose dont vous conviendrez aisément : c’est que l’amitié peut sommeiller en nous, mais il ne faut pas grand chose pour la réveiller.

En plus il se souvenait de moi, de mes nombreux jours de prison et de mon caractère (je le cite : ombrageux et ... Non, C’est personnel !) et il se souvenait parfaitement de tous mes copains et de nos facéties d’alors.

Comme quoi le monde est petit et seules les montagnes ne se rencontrent pas.

Claude Martinelli a 79 ans et se porte comme un charme. Il fait tout juste 65 ans. J’ai ses coordonnées et nous avons entamé une correspondance et j’ai fait part de ma rencontre à ceux de mes amis qui l’ont connu et apprécié.

Claude Martinelli a achevé sa carrière comme Attaché d’Ambassade à l’Ambassade de France à Madrid, d’où sa maîtrise de l’Espagnol.

Voilà je me devais de vous faire partager un rare moment d’émotion, laquelle m’a fait faire un plongeon vers nos 20 ans et remonter le temps. Ça valait le coup, que je vous la relate, non ?

Plus que jamais, soyez persuadés qu’une solide amitié au delà des années qui passent, ressemble à un volcan qui sommeille et se réveille au moment où l’on s’y attend le moins.

Claude Martinelli après plusieurs années dans l’armée qu’il quitta avec le grade d’Adjudant- Chef, entreprit une carrière diplomatique qui le conduisit à la fonction d’attaché d’Ambassade à l’Ambassade de France à Madrid ce qui explique sa parfaite connaissance et maîtrise de la langue de Cervantès.

Grace à lui, j’ai remonté le temps et plongé dans de merveilleux souvenirs.

Voilà je voulais vous faire partager mon émotion et ma joie. Cela le valait bien, vous en conviendrez.

Notre amitié est comme la bruine : elle tombe fine, mais elle peut faire déborder les rivières. (proverbe malgache)
PIERRE SALAS

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