Les dessous secrets de l’OAS : second épisode

, par  Jean Claude THIODET ✞ , popularité : 33%

Second épisode

Le premier tract de I’O.A.S.

Cependant SALAN se laissera convaincre par SUSINI et acceptera finalement de prendre officieusement la direction de la nouvelle organisation.

Par la suite, il enverra une lettre circulaire qui sera diffusée dans les milieux susceptibles de défendre la cause de I’ Algérie française.

Quelques semaines plus tard, les habitants d’Alger voient pour la première fois, le sigle O.A.S. s’étaler sur les murs, les portes, les troncs d’arbres.
Le 28 février1961, un protocole d’accord est signé à Madrid, aux termes duquel tous les mouvements Algérie française sont dissous et regroupés au sein de I" organisation Armée Secrète ".

Le 1er mars, les Algérois trouveront dans leur boite aux lettres le premier tract de I’O.A.S., rédigé par Susini et Lagaillarde :

- L’Union sacrée est faite Le Front de la Résistance est uni. Français de toutes origines, la dernière heure de la France en Algérie est la dernière heure de la France dans le monde, la dernière heure de l’Occident. .

Dans cette lutte, vous suivrez désormais et exclusivement les mots d’ordre de I’ Organisation Armée Secrète.

Soyez certains que nous nous dresserons tous ensemble, les armes à la main, contre l’abandon de l’Algérie et que la victoire est assurée si nous savons la mériter...

Madrid, « capitale » de I’ Algérie française

Pendant tout Ie mois de mars 1961, Madrid devient la « capitale » de l’Algérie française. Tous ceux qui s’opposent à la politique du général de Gaulle affluent à Madrid pour offrir leurs services à SALAN et aux autres chefs de I’OAS.

II y a la Jean-Marie Le Pen, Maître Tixier-Vignancour, Pierre Poujade, des politiciens, des journalistes, des industriels.

Tous espèrent voir SALAN prendre une initiative et battre vraiment le rappel de tous ceux qui, tant en métropole qu’en Algérie, sont décidés à sauvegarder le destin de I’Algérie française. SALAN reçoit même la visite de Castille et de Fechoz, qui ont failli I’assassiner à Alger, le 17 janvier 1957 (le bazouka).

Nullement rancunier, l’ancien commandant en chef d’Algérie oubliera bien volontiers que ses deux visiteurs ont failli le pulvériser au bazooka !

L’heure n’est plus aux ressentiments personnels mais au rassemblement de toutes les énergies disponibles.

Le 4 mars, Salan apprend que le général CHALLE vient de donner sa démission de commandant en chef des Forces alliées du Centre Europe.

SUSINI se précipite à I’hôtel Princessa :

- II faut absolument se mettre en rapport avec CHALLE explique-t-il à SALAN.

Mais le Mandarin ne partage pas Le point de vue de son jeune ami.
Au fond de lui-même, il n’aime pas CHALLE, et toutes les initiatives de ce dernier lui paraîtront toujours suspectes. II estime qu’il ne faut pas brusquer les évènements et donner au général Challe le temps, précise-t-il, de « faire sa mise au point »

La mysterieuse visite de Jacques Faure a Madrid

Tout en étant extrêmement méfiant à I’égard du général CHALLE, SALAN est néanmoins intrigué : que veut dire au juste cette démission ? Que prépare CHALLE en sous-main ?

SALAN ne le saura avec précision que le 24 mars. Ce jour-là il reçoit à I’hôtel Princessa un visiteur de marque. FERRANDI, son fidèle compagnon, nous raconte, dans ses mémoires intitulés 600 jours avec SALAN(1), l’entrevue SALAN-FAURE.

« L’évènement si souvent annoncé par Salan et toujours vainement attendu va-t-il enfin se produire ?

La visite que nous recevons aujourd’hui est cette fois capitale.

II s’agit du général Jacques FAURE (2) qui vient de passer clandestinement la frontière. II nous annonce que, sous le commandement des généraux CHALLE, JOUHAUD et ZELLER un soulèvement militaire doit éclater à Alger.

La date prévue est le deuxième dimanche d’avril. FAURE lui-même restera à Paris, avec les colonels VAUDREY et GODARD, pour soutenir en métropole I’action engagée en Algérie. Sur place, l’opération sera menée par les trois généraux avec le concours d’un certain nombre d’officiers dont les colonels GARDES, LACHEROY, ARGOUD et BROIZAT.

FAURE ne dissimule pas le caractère délicat de sa démarche.
II ne cache pas que, dans leur majorité, les officiers engagés dans l’entreprise ne veulent connaître que l’autorité d’un seul chef : le général CHALLE. SALAN n’est certes pas explicitement exclu. Mais le rôle qui pourra lui être réservé reste indéterminé. FAURE laisse même entendre que la démarche qu’il a cru personnellement devoir faire auprès de son ancien chef risque de ne pas être approuvée par tous les conjurés. SALAN, au reste, a fort bien compris et me parle longuement le soir du projet dont il vient d’être ainsi averti.
Il a laisse repartir FAURE sans aucun engagement, sans aucune indication précise. Il m’affirme n’avoir aucune confiance dans l’entreprise dont, me dit-il, il voit mal le déroulement et ou il redoute une nouvelle provocation de la part du pouvoir.

Jean-Jacques SUSINI, qui a assiste à notre entretien avec le général Faure, est le seul du groupe madrilène qui soit au courant de l’opération projetée. Le général lui demande de conserver le secret le plus absolu a l’égard de LAGAILLARDE et de ses amis.

C’est à lui qu’il appartiendra, au moment ou il le jugera opportun, de les avertir.

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