La République exemplaire de Hollande ? ouaf, ouaf, ouaf... Ils ont passé leur temps à critiquer, et maintenant ?

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Moins d’une semaine depuis la prise officielle de fonction du nouveau Président de la France de gauche, et déjà, ça couine. Je ne vais pas vous resservir ce que les médias ont commencé à évoquer, oh, très discrètement, dans des rubriques perdues au milieu de tombereaux de louanges et d’aplat-ventrisme. Mais deux ou trois réflexions, pour ouvrir le débat du quinquennat, ça ne peut pas faire de mal.

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En commençant par le nouveau président, et sa prétendue « élégance ». Le Président, qui se qualifie modestement lui-même de « parfait », a tout de même été pris deux fois en flagrant délit de goujaterie, en quelques jours et en public : d’abord vis-à-vis de son ex-compagne, Ségolène Royal. Ce n’est pas que je déborde d’affection pour Madame « Quel Culot », mais la façon dont il l’a traitée, lors du meeting de campagne commun, en la virant de la tribune et en lui tournant le dos, sans même une poignée de mains ou la bise traditionnelle entre camarades socialistes de sexe opposé, puis en ne l’invitant pas à la cérémonie d’investiture, tout cela pour ne pas déplaire à sa compagne actuelle, pour un président rassembleur, il a apparemment déjà du mal à rassembler ses femmes…

Et puis il y a eu cette « reconduite », à la porte de l’Elysée, de Nicolas Sarkozy, expulsé comme un vulgaire sans papier, et sans un seul mot aimable sur son bilan, comme s’il n’y avait rien à en sauver, alors que chacun sait que la plupart des réformes votées depuis cinq ans, et il y en a, seront conservées par le nouveau pouvoir, trop content de ne pas avoir à mettre les mains dans le cambouis… Pour un président qui veut restaurer la grandeur de la France, c’est bien petit.

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Et si François ne suffit pas à votre bonheur, je vous propose Valérie Trierweiler, après réflexion je vais l’appeler « sa première concubine », ça me paraît assez bien convenir à la situation. Donc madame la première concubine, qui clame urbi et orbi qu’elle veut une vie normale, qu’elle exige de garder son indépendance, son travail, ses loisirs, ses talons aiguille, bref sa vie de femme de gauche, moderne et accomplie, se permet, lors de la cérémonie d’investiture de son concubin, de saluer avec lui les corps constitués de la République, comme si elle était la Présidente élue par les Français, ce qui ne s’était jamais vu avant, même à l’époque obscure où les présidents étaient mariés… Ce couple modèle et moderne, particulièrement sourcilleux sur sa vie privée, et critique sur celle de son prédécesseur à l’Élysée, s’était déjà offert en spectacle, le soir du 6 mai, en s’embrassant goulument sur la bouche devant des milliers de Tulliens (?) et des millions de téléspectateurs en rut - les natalistes projettent d’ailleurs un pic de naissances de bébés socialistes dans neuf mois, tant cette scène torride a enflammé les sens du peuple de gauche.

N’oublions pas au palmarès de madame sa propension à mordre tout ce qui ne lui manifeste pas la servilité due à la Première Concubine du Président : Julien Dray, cacique socialiste, viré d’un raout PS par la dame, à quel titre ? La presse, en liberté surveillée, Salviac éjecté de RTL pour un tweet macho, bon je ne vais pas pleurer, j’ai toujours trouvé que c’était un gros bof, mais ça indique la tendance, et, plus sérieusement, des consœurs qui reçoivent un tweet rageur pour n’avoir pas été suffisamment louangeuses.

Et, surtout, le piège tendu à Ségolène Royal (c’est sa fête, en ce moment, la pauvre) lors du meeting du Bourget : Valérie, tous sourires, tend une main de paix vers sa rivale détestée, devant une forêt de photographes convoqués dans le plus grand secret, sans en prévenir Ségolène. Aussi élégante que son concubin, la première concubine. Un couple exemplaire, on n’arrête pas de nous le répéter…

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Et, le comble de la démagogie, le président et les 34 ministres, payés 30% moins chers que sous Sarkozy, mais deux fois plus nombreux, à situation comparable, c’est-à-dire par rapport au premier gouvernement Fillon, prévu pour assurer la jonction avec les élections législatives. Quand les médias vous disent que le coût global est équivalent, et que c’est la symbolique de la mesure qui est importante, on se fiche de vous : d’abord le coût n’est pas équivalent, loin de là, parce qu’un ministère, ce n’est pas une personne, mais une entreprise, avec un ministre à sa tête, certes, mais aussi un cabinet, un directeur, des sous-directeurs, des conseillers, cuisiniers, service de sécurité, chauffeurs, voitures, bureaux, et tout ce qu’il faut pour que tout ce joli monde travaille, et surtout fasse campagne pour les législatives, sans que cela coûte un centime au PS !

Et puis, derrière le salaire réduit des ministres, on vous cache une grosse manipulation : si Hollande a nommé 34 ministres plutôt qu’un gouvernement resserré pour expédier les affaires courantes jusqu’aux élections, c’est d’abord et avant tout pour récompenser des amis : savez-vous que les ministres qui ne seront pas reconduits après les élections porteront quand même à vie le titre de « ministre », et les avantages honoraires qui vont avec ; savez-vous qu’un ministre, même d’un mois, viré après le remaniement post-élections, continuera à toucher l’intégralité de son modeste pécule de près de 9.000 euros net par mois pendant six mois… soit environ 60.000 euros par ministre déchu, pour un mois de travail, on est loin des 30% d’économie symbolique annoncés… Et vive la République exemplaire !

Et après tout, si Hollande avait vraiment voulu l’être, exemplaire, pourquoi diable réduit-il de seulement 30% le salaire de Président que Sarko aurait, prétendent les socialistes, augmenté de 120%, (ce qui, je le précise, est archi-faux), et n’est-il pas revenu à la modeste indemnité que se faisait verser Chirac (lequel, grand seigneur, se contentait d’autant plus facilement de ses 6.000 euros mensuels de Président de la République qu’il les cumulait avec un panier de retraites de maire, de député, de conseiller général, de conseiller à la Cour des Comptes, et j’en passe, d’environ 30.000 euros par mois ?) Exemplaire, le nouveau Président ? Et la République des copains et des coquins, c’était Sarkozy… Ben voyons !

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Eh oui, comme ne le disait pas Boileau, mais l’obscur Philippe Néricault, auteur et comédien du 18è siècle, « la critique est aisée, et l’art est difficile »… Les socialistes, à leur grande contrariété, eux qui n’avaient plus l’habitude depuis Jospin qu’on leur rende le chien de leur chienne, commencent à l’apprendre à leurs dépens. Et ça va d’autant plus leur exploser à la figure que « leur » nouveau président (j’écris « leur » président parce que je contesterai chaque fois que j’en aurai l’occasion la légitimité d’Hollande - il n’y a pas de raison de s’en priver, voir ma tribune précédente…) a mis la barre très haut, avec ses « moi, président, je », et ses « je serai un président normal ». Et là, même si les médias officiels se garderont bien de relever les passages sous la barre, il y a heureusement internet, et Notre Journal. Et nous, nous ne manquerons pas de les souligner, les promesses non tenues, les bassesses et les hypocrisies de ces pères et mères la vertu, jusqu’à les renvoyer dans l’opposition dont ils ne seraient jamais sortis, si nous n’avions pas la droite la plus bête du monde… Vous pouvez nous faire confiance. Au fait, j’hésite, pour ma rubrique, entre appeler Hollande « François le petit » et « François le mesquin » . Qu’en pensez-vous ?

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