Guerre d’Algérie : D’inavouables secrets enfin révélés, silence d’Etat, terrorisme, torture, ...

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Les horribles secrets de la Guerre d’Algérie :
Mensonges d’État, FLN, OAS, accords d’Evian, indépendance...

Dans son livre choc, “Un silence d’État” (Soteca-Belin),
l’historien Jean-Jacques Jordi dévoile des centaines
d’archives interdites d’accès. Cinquante ans après, celles-ci remettent en
question la vision à sens unique propagée jusque-là sur la guerre
d’Algérie.

C’est un historien réputé, plutôt classé à gauche, qui a eu la lourde tâche
de “fouiller” les archives inédites de la guerre d’Al­gérie.
Docteur en his­toire, enseignant, no­tamment à l’École des hautes études en
sciences sociales, auteur d’une dizaine d’ouvrages et de plusieurs
documentaires télévisés consacrés à ce conflit (France 2, France 3, M6),
Jean-Jacques Jordi, 56 ans, n’a rien d’un “extrémiste” – d’une cause ou d’une
autre. « Mon travail est scientifique, dit-il. Je ne suis ni un juge qui décide
“c’est juste ou injuste” ni un religieux qui décrète “c’est bon ou mauvais”. »
Raison pour laquelle Re­naud Bachy, président de la Mission in­terministérielle
aux rapatriés, l’a ex­ceptionnellement autorisé il y a quatre
ans, au nom du gouvernement, à plonger dans ces archives, normalement
interdites d’accès pour une période allant de soixante à cent ans.

Centre historique des Archives nationales, Service historique de la Défense,
Service central des rapatriés, Archives nationales
d’outre-mer, Centre des archives contemporaines, Centre des archives
diplomatiques, Comité international de la Croix-Rouge  : en tout, ce sont près
de 12 000 documents administratifs classés “très secret”, “secret” et “secret
confidentiel” que Jean-Jacques Jordi a pu consulter et photographier.
Ras­sem­blés (pour partie) dans son livre, Un si­lence d’État, dont Va­leurs
ac­tuelles pu­blie des ex­traits en ex­clusivité, le résultat de son en­quête
et les documents qu’il porte au­jourd’hui à la connaissance du public sont
absolument stupéfiants. Pourtant spécialiste de la question, lui-même le
reconnaît   :

« Jamais, confie-t-il, je n’aurais imaginé découvrir de tels faits.
 »

Depuis près de cinquante ans, l’histoire de la guerre
d’Algérie
s’écrit en noir et blanc  : d’un côté, les “gentils” (le
FLN et les partisans de l’indépendance), de l’autre, les
“méchants” (les pieds-noirs et les défenseurs de
l’Algérie française). Les travaux de Jean-Jacques Jordi
remettent totalement en question ce manichéisme mémoriel. Non pour ré­habiliter
une violence par rapport à une autre, mais pour rétablir une vérité autrement
plus complexe que celle propagée de­puis 1962. « Jusque-là, la thèse officielle
était que l’OAS, refusant les accords d’Évian, avait plongé
l’Algérie dans la terreur, légitimant la riposte du FLN, rap­pelle
l’auteur.

Cela n’est qu’en partie vrai. D’abord parce que le terrorisme
FLN
a précédé celui de l’OAS, mais aussi parce qu’il
a été beaucoup plus meurtrier. Ensuite, sous pré­texte de lutte anti-OAS, le
FLN et l’ALN (Armée de libération nationale) se sont
essentiellement livrés à des exactions dirigées non contre les activistes, mais
de manière aveugle contre l’ensemble de la population – l’instauration de ce
climat de terreur ayant pour but avoué de précipiter le départ
des Français, y com­pris après le 19 mars (cessez-le-feu) et
le 5 juillet (indépendance). »

Documents parfois terribles à l’appui, Jean-Jacques Jordi révèle une “autre”
guerre d’Algérie, où les “héros de l’indépendance” – tout du
moins une par­tie d’entre eux – livrent la face obscure de leurs méthodes  :
enlèvements, viols, tortures, actes de barbarie… Jusqu’à ces « quarante
Européens séquestrés » jus­qu’à ce que mort s’ensuive pour servir de « donneurs
de sang » aux combattants FLN  ! Ces faits, démontre l’ouvrage, étaient connus,
et même soutenus, par les dirigeants algériens de l’époque. Aussi incroyable
que cela puisse paraître, écrit-il, « il n’y eut aucune poursuite judiciaire de
la part de la justice algérienne contre ceux qui s’étaient rendus coupables
d’exactions ou de meurtres ».

Mais les archives secrètes n’épargnent pas non plus les autorités
françaises et le rôle des “barbouzes” envoyés sur place  : oui,
des Français ont torturé d’autres Français  ; oui, des listes de militants
supposés de l’OAS ont été transmises aux insurgés  ; oui, des ordres ont été
donnés afin de ne pas intervenir, con­damnant à mort des centaines d’hommes, de
femmes et d’enfants… Au-delà de la passivité, une véritable complicité. Comment
qualifier autrement l’attitude – révélée par un rap­port – de ces
gendarmes mobiles ren­dant à ses bourreaux FLN un
ressortissant français « torturé à l’électricité et battu »
qui était parvenu à s’enfuir et à se réfugier dans leur
cantonnement  ?

« Que la raison d’État – des deux côtés de la Méditerranée – l’ait emporté
sur quelques milliers de vie, cela n’est pas propre à la guerre d’Algérie, au
moins faut-il le reconnaître », écrit Jean-Jacques Jordi. Pas plus que les
événements ne le furent, la repentance ne peut pas, et ne doit pas, être à sens
unique. Cinquante ans après, le moment est sans doute venu pour l’Algérie,
comme pour la France, de reconnaître ce que fut – aussi – ce conflit  : le
martyre des pieds-noirs et des harkis.

Nicolas Sarkozy s’y était engagé en 2007 à
Toulon lors de sa campagne électorale. Osera-t-il, à
l’occasion des cérémonies du cinquantenaire, braver le “politiquement correct”,
aujourd’hui clairement désavoué, et tenir sa promesse ?

Source : Arnaud Folch, Valeurs actuelles

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Voir en ligne : http://infos.fncv.com/post/2011/11/...

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