CANDIDE et Bab El Oued, je veux comprendre...

, par  MORA , popularité : 13%

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Comprendre Bab El Oued ?

Beaucoup plus facile à dire qu’à faire... Dois-je lire, tous les bouquins là dessus ? Dois-je interroger tous les algérois de BAB là dessus ?

Comment aborder la question ?

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Pourquoi ne pas aborder le sujet en se posant des questions ?

Soulever des évidences, soumettre des interrogations et rechercher quelques réponses...

La Rédaction de NotreJournal a relevé les manches et vous propose aussi d’y intervenir.

Pour notre approche, nous avons pris le mode "je", mais ceci n’est pas personnel, on pourrait peut être simplement y voir : CANDIDE et Bab El Oued... ou le Baoul et l’Histoire (en sous titre)

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Hier nous étions le 19 mars 2009 ! Comme tous les ans, cette date historique, dans le sens où elle est la date officielle d’un cessez le feu hypothétique, s’impose à nous.

Nous en avons parlé ailleurs et nous en reparlerons, hélas.

Donc l’Affaire Bab El Oued, c’est après le 19 mars 1962 ! Bon...

L’Affaire "Bab El Oued", c’est un bouclage militaire mis en place dans la journée du 23 mars 1962, terminé le 24 au soir, semble-t-il, mais on en reparlera.

Dans un contexte de guerre civile, avec l’Armée française, les gardes mobiles, l’OAS avec les DELTA (pas d’action armée) et les ALPHA (section dure armée ), la population, les professionnels, etc.. ce contexte se finit dans le sang le 26 mars 1962 Rue d’ISLY.

On a tout lu et son contraire sur cette courte période. Plus on lit, moins on comprend... Et pourtant, n’est-il pas temps de tout mettre sur la table et d’enfin tracer un vrai fil historique, synthétique, pédagogique et si possible le plus proche de la réalité multiple de tous les évènements humains ?

Nous le pensons.

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D’abord BAB EL OUED, c’est quoi ?

Vous pouvez visiter plein de sites et lire des tas de livres...

En deux mots, Bab El Oued est un quartier populaire d’ALGER, situé dans la partie ouest de la ville.

Sur la photo aérienne, on situe bien le quartier, par rapport à Alger.

A une échelle agrandie, on situe encore mieux la nature du quartier.

Bab EL OUED est un quartier populaire, comme on dit, moins dense que la casbah en construction au sol, mais avec beaucoup d’immeubles à étages, donc une grosse densité de population.

A ce moment là l’Algérie est sous le coup des Accords d’EVIAN. Leur signification est lourde pour ceux qui y sont nés, depuis plusieurs générations et qui désirent une Algérie Française.

A ALGER la situation est très dégradée.

Après le 20 mars, il aurait circulé un tract OAS disant que tout militaire qui entrera dans Bab El Oued sera pris pour cible....

Les forces de l’ordre, gendarmes mobiles, CRS et unités de quadrillage sont invitées à se refuser à toute action dans le secteur délimité par la caserne Pélissier, la caserne d’Orléans, Climat-de-France et Saint-Eugène. Quarante-huit heures de réflexion sont laissées aux officiers, sous-officiers et soldats qui, à partir du jeudi 22 mars 1962 à 0 heure, seront considérés comme des troupes au service d’un gouvernement étranger. »

Nous n’avons pas trouvé de preuves physiques de ce tract... Un journal semble y faire allusion :

Voir article du 21 mars 1962

On se rend bien compte qu’il y a deux mouvements, avec des voies différentes...

Le 23 au matin, l’Affaire de Bab el Oued commence.

L’OAS branche "non agressive" intercepte, pacifiquement et sans armes, des patrouilles de militaires, les désarme sans violences et les laisse partir.

Il semble que l’un de ces incidents ait dégénéré, entraînant la mort de plusieurs militaires

Mais la même phase semble avoir été lue différemment...

Plan de la zone

++++José ARNAU

[bleu]Le 23 mars, j’étais dans Bab el Oued, à la tête d’un commando qui avait pour ordre d’aborder les militaires et de leur demander de leur remettre leurs armes.

Il était 9h30, BEO vivait normalement, circulation, passants, magasins. La rue Livignston qui est une rue très passante est en sens unique, dans le sens Bd Guillemin vers la place Desaix. Je vois mal un 4X4 ( cela n’existait pas à l’époque) stationner au milieu de la rue sans gêner la circulation, faire demi tour et repartir à contre sens.

J’habitais BBO et je n’ai jamais vu une affiche sur les murs menaçant les gendarmes !

La fusillade a eu lieu devant le 29 avenue Général Verneau à 9 heures 30. Nous attendions le G.M.C. qui véhiculait « la patrouille du matin ». Il arrive à l’heure prévue et s’arrête devant le 29 rue Général Verneau à Bab-El-Oued.

Les militaires en descendent, abaissent la bâche sur le dernier d’entre eux. L’intérieur du véhicule, sensé être vide, est ainsi masqué à nos regards.

Nous entourons immédiatement la patrouille qui se forme, comme à l’habitude le plus près possible afin d’être en contact avec les militaires, et de les désarmer, dans le calme, sans violence et sans menace, un procédé qui nous a réussi, une technique déjà plusieurs fois utilisée.

Cette fois là, un piège, inattendu pour nous, va surgir de l’intérieur du camion présumé vide.

La bâche se relève brusquement, accompagnée d’un tir d’armes automatiques, sans sommation, dans une violence accentuée, si possible, par l’effet de surprise !

Il en émane 3 zouaves… français musulmans (?).

Sur le trottoir, civils et militaires, « au contact », du fait d’être étroitement mêlés, sont littéralement fauchés.

Les hommes s’écroulent, les uns sur les autres, les nôtres et les soldats de la patrouille, tués ou gravement blessés.[/bleu]

++++Témoignage de Robert PEREZ

[vert]Il devait être 9h30 quand le commando s’est planqué juste au bas du PLAZA, à l’angle de la rue Franklin et face au garage BASTOS qui se trouvait sur le trottoir opposé, « angle rue Christophe Colomb et rue général Verneau. L’attente n’a pas été longue : un 4x4 des gardes Mobiles a fait son apparition rue Livingston, en haut de la rue Barras et devant la fabrique de souliers BATA, et s’est imobilisé au milieu de la chaussée. Le commando s’était tapi et l’observait. Le 4x4 est resté dans l’immobilité totale pendant plus de cinq minutes, puis tranquillement a fait demi-tour et a disparu vers le haut de la rue Livigston en direction du square Guillemin.

Les commandos sont sortis de leurs planques, derrière les voitures en stationnement et dans les entrées d’immeubles.

Un quart d’heure plus tard, un camion militaire s’est présenté rue Livingston : La bâche du véhicule étant levée, on pouvait voir des militaires assis côte à côte à l’arrière. Le camion avançait très lentement vers le lieu de l’embuscade.

A la hauteur de la rue Franklin et Christophe Colomb, (place Desaix), au milieu de la rue Général Verneau, le commando a fait irruption devant le véhicule en criant : "Ne bougez pas, nous ne voulons que vos armes ! »

Le sous-lieutenant qui commandait la patrouille (un musulman) est sorti de la cabine, une arme à la main : un membre du commando l’a abattu !

A l’arrière, deux soldats musulmans ont mis en joue les membres de l’OAS : ils n’ont pas eu le temps de tirer : des rafales de PM les ont abattus ; c’était de la légitime défense.

Comme les soldats étaient assis bien serrés entre eux, les rafales en ont tué 2 de plus, ou 3, et en ont blessé d’autres.

C’était un malheureux incident qui aurait pu se passer sans victimes

A cette époque, en mars 1962, les patrouilles militaires étaient mixtes, la force locale FLN étant mélangée aux militaires français.

Rue Eugène Robe, un commando OAS a surpris une patrouille de militaires exclusivement française : tout s’est très bien passé ; les militaires n’ont fait aucune difficulté pour rendre leurs armes au commando[/vert].

++++Docteur THIODET

[bleu] Des coups de feu ont éclaté, puis des bruits de mitraillade qui ont duré un temps que je ne peux pas déterminer.

Jacques ACHARD, qui faisait des allées et venues en direction des Trois Horloges,

le carrefour des Trois Horloges

était très préoccupé par la rumeur d’un affrontement sanglant qui semblait s’être produit dans le quartier de la rue Savorgnan de Brazza,(rectification de Paule Q : il s’agit de la rue Vasco de Gama et non Savorgnan de Brazza. Mon immeuble se trouvait au coin de la rue Montaigne et de la rue Général Verneau , juste au dessus de la place Desaix) place Desaix ( ce plan illustre la distance séparant la clinique de la place Desaix)

au niveau du cinéma Plazza entre des commandos OAS et des soldats du contingent (précision qui se révèlera inexacte à la lecture d’autres témoignages).

On parla ensuite de la mort de plusieurs de ces jeunes gens, mais je n’ai pas encore pu déterminer où cela s’était passé. Selon certains écrits, ce serait entre la rue Eugène ROBE et le début de l’avenue de la BOUZAREAH.[/bleu]

++++D’après l’historien Jean Monneret

[marron]Le vendredi 23 dès l’aube, des équipes de I’OAS armées et porteuses de brassards édifient des barrages à l’entrée de Bab-el-Oued. Les soldats français qui tentent de patrouiller sont désarmés, Il n’y a pas de fraternisation avec les commandos, mais les éléments militaires du secteur paraissent vouloir jouer la neutralité.

...

A dix heures, le premier rouage d’un engrenage tragique se met en place. A cette heure-là, Place Desaix, un camion militaire arrive et dérape sur la chaussée rendue glissante par des jets d’huile.

Les ordres donnés sont clairs : ne pas tirer sur les militaires français, mais les désarmer.

Malheureusement ceux-là, des appelés du train, ne veulent pas donner leurs armes. Parmi eux, un soldat musulman prend peur. (Dans ce quartier ou les attentats systématiques ont fait fuir tous les autochtones, la panique le saisit). Selon Montagnon, il tire sur les commandos Alpha, selon Courrière il n’a fait qu’armer sa MAT.

Mais la réaction des hommes de l’OAS est immédiate. Ils ouvrent le feu ; sept deuxième classe sont tués, onze sont blessés.[/marron]

++++Témoignage de X

[vert]Le 23/03, un commando a pris position place Desaix au carrefour Avenue général Verneau, rue Christophe Colomb, rues Franklin et Livingston, en face du garage BASTOS et tout près du cinéma « LE PLAZA »

Il devait être 9h30 quand le commando s’est planqué juste au bas du PLAZA, à l’angle de la rue Franklin et face au garage BASTOS qui se trouvait sur le trottoir opposé, « angle rue Christophe Colomb et avenue général Verneau. L’attente n’a pas été longue : un 4x4 des gardes Mobiles a fait son apparition rue Livingston, en haut de la rue Barras et devant la fabrique de souliers BATA, et s’est immobilisé au milieu de la chaussée. Le commando s’était tapi et l’observait. Le 4x4 est resté dans l’immobilité totale pendant plus de cinq minutes, puis tranquillement a fait demi-tour et a disparu vers le haut de la rue Livigston en direction du square Guillemin.

Les commandos sont sortis de leurs planques, derrière les voitures en stationnement et dans les entrées d’immeubles.

Un quart d’heure plus tard, un camion militaire s’est présenté rue Livingston : La bâche du véhicule étant levée, on pouvait voir des militaires assis côte à côte à l’arrière. Le camion avançait très lentement vers le lieu de l’embuscade.

A la hauteur de la rue Franklin et Christophe Colomb, (place Desaix), au milieu de l’avenue Général Verneau, le commando a fait irruption devant le véhicule en criant : "Ne bougez pas, nous ne voulons que vos armes ! »

Le sous-lieutenant qui commandait la patrouille (un musulman) est sorti de la cabine, une arme à la main : un membre du commando l’a abattu !

A l’arrière, deux soldats musulmans ont mis en joue les membres de l’OAS : ils n’ont pas eu le temps de tirer : des rafales de PM les ont abattus ; c’était de la légitime défense.

Comme les soldats étaient assis bien serrés entre eux, les rafales en ont tué 2 de plus, ou 3, et en ont blessé d’autres.

C’était un malheureux incident qui aurait pu se passer sans victimes[/vert]

On peut dire que trois relations, exposent deux attitudes OAS :
- l’une agressive et
- l’autre pacifique.

4 témoignages pour un fait aussi important, n’est-ce pas largement insuffisant pour s’interroger encore et surtout appeler à d’autres participations ?

Il semble évident que plusieurs types d’attitudes se sont juxtaposées - tous partisans de l’action mais par des voies différentes.

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Ce drame qui faisait couler le sang de l’Armée par les français de Bab El Oued, a été le déclencheur du "Bouclage de Bab El Oued".

- Action de l’OAS sur des militaires, plusieurs victimes
- Réaction du préfet Vitalis-Cross qui envoie les gardes mobiles et les CRS.
- Mise en place du bouclage sur ordre du général AILLERET dans le courant de la journée.

Il nous faut donc mieux comprendre cette situation.

Sans réserves, nous faisons un APPEL OUVERT à Témoins pour ces jours qui précédèrent le 26, avant qu’ils n’aient tous disparu !

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