C’est la triste réalité malheureusement.. De José BRICE, OPJ . Colmar Région d’ Alsace,

, par  Jean Claude THIODET ✞ , popularité : 17%

Je suis fatigué des polémiques quasi quotidiennes envers la Police nationale. Depuis quelques temps, la déontologie douteuse, déverse à travers les journaux, des inepties, des mensonges, bref tout sauf la vérité.

Dans l’œil du cyclone médiatique les gardes à vue.

Je suis fatigué de la présomption de culpabilité, très populiste, que l’on attribue systématiquement aux policiers. Mais que fait la Police ? Sempiternelle question. Et bien je vais vous le dire, la Police passe son temps à se défendre des diatribes, des diffamations, des mensonges honteux, dont on la salit. Elle passe son temps à se défendre des accusations dont elle fait l’objet de la part de ceux pour qui, l’ignorance des uns et la cupidité des autres terrassent un jardin fertile pour répandre sur une profession l’opprobre et le discrédit. Trop de Police, pas assez de Police ? Trop de gardes à vue, trop d’interpellations ? Trop de violences, trop de délinquants ? Faut savoir !

J’invite tous les philosophes de salon, toutes les bonnes âmes charitables, tous les donneurs de leçons, (vous savez ceux qui savent tout et qui ne font jamais rien), à venir faire des contrôles de Police la nuit dans un quartier difficile.

Je les invite à venir interpeller eux-mêmes un individu rendu extrêmement violent sous l’effet de la drogue.

Je les invite à venir faire eux-mêmes des constatations sur un cadavre déchiqueté ou en putréfaction.

Je les invite à venir annoncer à une mère de famille en pleine nuit qu’un de ses enfants est mort, tombé sous les balles d’un caïd de la rue.

Je les invite à venir entendre une femme violée et lui expliquer ensuite que son agresseur n’a pas bénéficié de l’intégralité de ses droits, qu’il n’a pas souhaité s’exprimer et qu’elle ne saura jamais pourquoi elle s’est fait violer, elle, sauvagement, sans aucun respect et qu’elle ne fera jamais son travail d’oubli nécessaire à sa reconstruction psychique !

Je les invite à se réveiller tous ces « démocrates » du pays merveilleux où les délinquants ont élu domicile.

Eh debout ! Regardez la société en face. Arrêtez de vous cacher derrière des directives européennes qui mettent sur le même pied d’égalité un voleur de chapeau au fin fond du Tyrol et un voyou professionnel d’une cité du 93.

A qui allez-vous faire croire que la réforme en cours va stopper la délinquance ?

Et puis non, à bien y réfléchir, je ne les invite pas.

Être policier c’est être pragmatique, c’est être plongé quotidiennement au cœur des maux de cette société qui a tellement honte d’elle qu’elle cherche à tout prix un coupable et qui désigne sa Police parce que c’est elle, à qui on demande de régler tous les problèmes.

Non définitivement, je ne les invite pas. Ils me fatiguent, qu’ils continuent à observer la société tranquillement assis dans leur fauteuil, à refaire le monde à coups de bons sentiments et d’angélisme, moi je travaille et avant tout pour les victimes.

Les autres me fatiguent.

Je suis fatigué d’entendre parler de la réforme de la garde à vue à longueur de journée. "Et la réforme de la garde à vue, c’est pour quand ? Le droit au silence, la présence de l’avocat ?"

Je suis fatigué de voir des innocents, aux mains pleines mais le visage dissimulé sous une cagoule, venir se plaindre devant les écrans de télévision de leurs conditions de rétention mais qui oublient bien souvent les raisons de cette même rétention !

Je suis fatigué de les entendre parler d’un pays d’oppression et de répression comptabilisant près de 700 000 gardes à vue en 2009.

Tiens, une petite question, combien de récidivistes dans ces 700 000 ?
Combien ont été placés en garde à vue plusieurs fois au cours de cette même année 2009 ?

Je suis fatigué d’imaginer m’excuser à chaque fois que je placerai en garde à vue un violeur, un voleur, un truand ou un bandit à qui j’offrirai un matelas, une couverture, un repas chaud, la visite d’un médecin, un avocat et pourquoi pas bientôt la télévision numérique avec un bouquet thématique sur la justice et le droit, le tout au frais du contribuable !

Je suis fatigué de payer des impôts pour que les avocats se paient sur la bête qui chaque jour se délecte à faire se dépecer, cette bête malade de son système que l’on appelle la Justice.

Saint Louis, toi qui avais choisi la justice divine, tu avais bien raison de ne pas croire en celle des hommes. Regarde-les, ils sont devenus fous, deux minutes de lumière dans un Palais de Justice les exemptent de toute morale.

Ces hommes ? Qui sont-ils ?

Des abreuvés d’illusions cherchant à se faire un nom ou une gloire, sans état d’âme, sans même prendre le soin de savoir si le bien est encore une valeur ! Défendre à tout prix au risque de mépriser une victime, excuser l’inacceptable, relaxer pour la gloire, pour espérer avoir son nom dans le Dalloz, juste un jeu pour certain, un jeu aux règles changeantes sans cesse. La femme violée ? La femme battue ? Quelle importance ? L’argent n’a pas d’odeur, ou alors celui du mépris et des larmes !

Je travaille pour mon client : dernière réflexion d’une avocate à peine pubère lorsqu’elle exhorte à son client à se taire et à ne pas présenter d’excuses aux victimes de ses agressions sexuelles.

Mais où est la Justice ?

Non, je ne suis plus fatigué, je suis écœuré, dégoûté, indigné, la Justice n’a plus aucun sens quand elle dérive à ce point, et le pas avec l’injustice est allègrement franchi.

José BRICE officier de police judiciaire.

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